« 1979. An Allie Burns Novel » (1979. An Allie Burns Novel), de Val McDermid, traduit de l’anglais (Écosse) par Perrine Chambon, HarperCollins, « Noir », 444 p., 22,50 €, numérique 15 €.
C’est un roman particulier, éminemment personnel. Pour 1979Val McDermid s’est inspirée de sa propre histoire d’ancienne journaliste, tout comme elle l’a fait pour son premier roman, Rapport pour meurtre (« Murder investigation », 1987, non traduit), qui racontait les aventures de Lindsay Gordon, « journaliste socialiste et lesbienne », une sorte de double de l’auteur. Quarante ans plus tard, l’héroïne a changé, l’écriture et le style se sont affinés, mais le thème reste le même : le combat permanent des femmes pour être traitées à égalité avec les hommes.
Dans 1979premier volume d’une série qui vise à explorer les évolutions de la presse d’investigation, et dont le deuxième volume, 1989, paraîtra en 2025, pas de psychopathe ni de tueur en série. Val McDermid a beau être l’une des figures du « Tartan noir » – le thriller écossais, qui compte notamment des auteurs comme Peter May, Denise Mina et Ian Rankin –, elle a préféré, ici, orienter son travail sur une reconstitution fidèle d’un métier et une ère. A la fin des années 1970, les rédactions puaient le tabac, elles vibraient au rythme des presses installées dans les sous-sols qui sentaient l’encre et le plomb. Les journées sont rythmées par le cliquetis des machines à écrire, et l’ambiance n’est pas à la tolérance.
Ainsi le premier adversaire de la nouvelle héroïne de McDermid, Allie Burns, s’avère être la misogynie ambiante : la jeune journaliste est censée se cantonner à des sujets futiles. La vie d’un journal est rendue de manière particulièrement réaliste : on y voit la solidarité entre collègues, le stress de la fermeture, mais aussi la rivalité et les coups bas. Les dialogues, travaillés, sonnent très juste.
C’est donc l’évolution de l’héroïne qui structure le roman. Au début, la jeune Allie Burns s’ennuie au sein du Clairon, un tabloïd bavard (fictif) et conservateur basé à Glasgow. Elle végète, écrivant des articles sans intérêt, jusqu’à ce que son collègue et ami Danny lui propose de travailler avec lui sur une enquête concernant une fraude fiscale massive. Parallèlement, elle se lance dans un sujet sur les séparatistes qui voudraient fonder une armée républicaine écossaise, à l’image de l’IRA en Irlande.
Si 1979 se démarque du reste de l’œuvre de Val McDermid, ses lecteurs retrouveront dans ce roman passionnant et bien construit les motifs qui font la signature de l’Écossaise : engagement à gauche, féminisme, défense de la cause LGBTQ+. Et surtout une écriture subtile mettant en scène des personnages complexes, dont les défauts donnent de l’ampleur à l’intrigue romantique.
« 1979. An Allie Burns Novel » (1979. An Allie Burns Novel), de Val McDermid, traduit de l’anglais (Écosse) par Perrine Chambon, HarperCollins, « Noir », 444 p., 22,50 €, numérique 15 €.
C’est un roman particulier, éminemment personnel. Pour 1979Val McDermid s’est inspirée de sa propre histoire d’ancienne journaliste, tout comme elle l’a fait pour son premier roman, Rapport pour meurtre (« Murder investigation », 1987, non traduit), qui racontait les aventures de Lindsay Gordon, « journaliste socialiste et lesbienne », une sorte de double de l’auteur. Quarante ans plus tard, l’héroïne a changé, l’écriture et le style se sont affinés, mais le thème reste le même : le combat permanent des femmes pour être traitées à égalité avec les hommes.
Dans 1979premier volume d’une série qui vise à explorer les évolutions de la presse d’investigation, et dont le deuxième volume, 1989, paraîtra en 2025, pas de psychopathe ni de tueur en série. Val McDermid a beau être l’une des figures du « Tartan noir » – le thriller écossais, qui compte notamment des auteurs comme Peter May, Denise Mina et Ian Rankin –, elle a préféré, ici, orienter son travail sur une reconstitution fidèle d’un métier et une ère. A la fin des années 1970, les rédactions puaient le tabac, elles vibraient au rythme des presses installées dans les sous-sols qui sentaient l’encre et le plomb. Les journées sont rythmées par le cliquetis des machines à écrire, et l’ambiance n’est pas à la tolérance.
Ainsi le premier adversaire de la nouvelle héroïne de McDermid, Allie Burns, s’avère être la misogynie ambiante : la jeune journaliste est censée se cantonner à des sujets futiles. La vie d’un journal est rendue de manière particulièrement réaliste : on y voit la solidarité entre collègues, le stress de la fermeture, mais aussi la rivalité et les coups bas. Les dialogues, travaillés, sonnent très juste.
C’est donc l’évolution de l’héroïne qui structure le roman. Au début, la jeune Allie Burns s’ennuie au sein du Clairon, un tabloïd bavard (fictif) et conservateur basé à Glasgow. Elle végète, écrivant des articles sans intérêt, jusqu’à ce que son collègue et ami Danny lui propose de travailler avec lui sur une enquête concernant une fraude fiscale massive. Parallèlement, elle se lance dans un sujet sur les séparatistes qui voudraient fonder une armée républicaine écossaise, à l’image de l’IRA en Irlande.
Si 1979 se démarque du reste de l’œuvre de Val McDermid, ses lecteurs retrouveront dans ce roman passionnant et bien construit les motifs qui font la signature de l’Écossaise : engagement à gauche, féminisme, défense de la cause LGBTQ+. Et surtout une écriture subtile mettant en scène des personnages complexes, dont les défauts donnent de l’ampleur à l’intrigue romantique.