25 ans après, ce reportage Striptease suscite de vives réactions

Pour de nombreux internautes, cette courte vidéo illustre parfaitement l’emprise coloniale exercée par la France en Nouvelle-Calédonie. Alors que le territoire d’outre-mer connaît actuellement une grave crise sociale (trois nuits consécutives d’émeutes, qui ont fait au moins cinq morts et plusieurs dizaines de blessés), un extrait d’un ancien reportage de l’émission Strip-Tease est devenu viral sur le réseau social X ( anciennement Twitter).

Édifiante, la vidéo laisse voir un commerçant blanc donner des ordres à un de ses employés noirs, en l’insultant copieusement et en affichant un racisme décomplexé. « T’es pas payé pour te branler***** », « c’est pas les Kanaks qui vont commencer à emmerder les blancs » ou encore « va bouger ton sale cul, connard*** », on peut entendre venant de la bouche du commerçant.

Comme le rappelle le compte @C_Litteraire, qui a exhumé cet extrait pour le partager sur X, il s’agit d’images tirées d’un reportage réalisé en 1998 dans le cadre du programme documentaire Strip-Tease. Très populaire dans les années 1990 et 2000, ce programme créé en Belgique proposait une nouvelle approche du traitement des sujets de société.

Dans ce cas, les concepteurs du spectacle ont opté pour un procédé simple : le documentaire sans commentaire ou presque, en immersion avec une personne en particulier. Les émissions de l’émission suivaient chaque protagoniste dans son quotidien, avec pour objectif de lui donner la parole directement, sans intermédiaire.

En l’occurrence, l’extrait sur la Nouvelle-Calédonie est tiré d’un rapport en deux parties réalisé dans l’archipel en 1998, quelques semaines avant un référendum destiné à valider l’accord de Nouméa. Signé au printemps précédent, ce dernier prévoyait notamment un transfert de certaines compétences de l’État vers la Nouvelle-Calédonie et l’organisation de trois référendums sur l’indépendance (qui ont finalement eu lieu en 2018, 2020 et 2021).

Présentant très crûment le racisme ambiant et l’impossible réconciliation entre la population blanche de France (les Caldoches) et la population noire aborigène (les Kanaks), les deux aspects de cet épisode étaient intitulés « Caldoches de M… » et « Ec.. . des Kanaks ». La vidéo diffusée sur X correspond en réalité à l’introduction de la deuxième partie, juste avant que le titre n’apparaisse à l’écran.

La suite de l’épisode se trouve également à la fin de cette séquence introductive. Depuis un gros quart d’heure, les déambulations de ce commerçant ont visiblement été stupides dans la rue. Sans la moindre gêne, l’individu enchaîne les propos racistes et dégradants envers la population locale.

Dans un autre extrait isolé diffusé sur « Avant, ils ne savaient pas lire, ils n’allaient pas à l’école, ils n’avaient rien, mais ils travaillaient ! »

Un autre extrait du reportage partagé par le même compte illustre une autre facette du personnage, liée à son activité professionnelle. Parcourant un itinéraire avec l’équipe de tournage, il désigne un certain nombre de parcelles lui appartenant et finit par détailler sa méthode très particulière pour éliminer la concurrence : « Ma politique est d’acheter des magasins et de les fermer.

Dans le contexte actuel où les mouvements indépendantistes kanak dénoncent plus que jamais une situation coloniale en Nouvelle-Calédonie, ces extraits ont semblé particulièrement révélateurs à de nombreux internautes. Si certains affirment qu’il est difficile de tirer des conclusions d’un document datant de plus de 25 ans, d’autres jugent au contraire que le « héros » du rapport est un exemple effrayant d’esprit et de fonctionnement colonial.