30 musées en France célèbrent l’événement grâce aux prêts du musée d’Orsay

Au printemps 2024, 150 ans après la première exposition impressionniste, événement fondateur du mouvement artistique, le musée d’Orsay prêtera 178 œuvres de ses collections, de Monet à Cézanne en passant par Morisot et Renoir, à une trentaine de musées français, pour une « grande fête nationale » de l’impressionnisme.

Cent cinquante ans après la première exposition impressionniste en 1874 à Paris, le musée d’Orsay et une trentaine de musées et institutions à travers la France célébreront, au printemps 2024, la naissance d’un mouvement artistique révolutionnaire qui a brisé les carcans académiques et a ouvert la voie à l’art moderne.

Dès 1866, quelques artistes, appelés « le groupe des Batignolles », se réunissent au café Guerbois, dans le 17e arrondissement de Paris, près de l’atelier d’Édouard Manet. Ils peignent en extérieur, sur les bords de Seine près de Paris, à Fontainebleau, des paysages mais aussi le monde moderne. Ils adoptent une touche rapide, privilégiant la couleur et la lumière au dessin. Auguste Renoir, Claude Monet, Edgar Degas, Camille Pissarro et Alfred Sisley ont en commun de se voir refuser l’entrée au Salon officiel.

Dans les ateliers de Nadar, 165 œuvres qui ont « changé le cours de l’histoire de l’art »

La guerre retarde leur projet, mais en avril 1874, 30 artistes organisent leur propre exposition et présentent 165 œuvres dans les ateliers du photographe Nadar, boulevard des Capucines. Ils attireront 3 500 visiteurs et seulement dix tableaux seront vendus. Mais un mouvement est né. Le critique Louis Leroy ironise sur le tableau Impression, soleil levant de Monet, ils se diront « impressionnistes ».

Avec cette première exposition, les artistes impressionnistes « a changé à jamais le cours de l’histoire de l’art », estime le président du musée d’Orsay Christophe Leribault. « Le musée d’Orsay, qui abrite la plus grande collection d’œuvres impressionnistes au monde, a naturellement souhaité fêter ses 150 ans comme il se doit, en grand »explique-t-il, lors d’une conférence de presse mardi 21 novembre au musée.

Une célébration qui aura bien sûr lieu au musée d’Orsay lui-même, avec deux expositions. D’abord une grande exposition, Paris 1874. Inventer l’impressionnisme (26 mars-14 juillet 2024), organisée avec la National Gallery of Art de Washington. « Il réunira des œuvres de Monet, Renoir, Pissarro, Berthe Morisot, Sisley, ceux qui par leur touche rapide et lumineuse ont vraiment défini le mouvement », indique Christophe Léribault. Mais aussi des artistes plus inclassables comme Degas et Cézanne, des artistes qu’on avait vu au Salon comme Eugène Boudin et aussi des artistes oubliés. UN « une équipe assez variée », selon les mots de Christophe Léribault. Des artistes parfois très différents, qui ont pu diverger par la suite (seul Pissarro a participé à toutes les expositions impressionnistes) mais dont le point commun à cette époque était de vouloir briser le cadre académique.

La réalité virtuelle au musée d’Orsay

Le musée d’Orsay présentera également une « expédition immersive en réalité virtuelle » : « Une soirée chez les impressionnistes. Paris 1874 », qui offrira au public la possibilité de s’immerger dans les ateliers de Nadar, le soir de l’inauguration de la première exposition impressionniste. Le visiteur y sera accueilli par les peintres eux-mêmes. De l’exposition de 1874, nous n’avons pas de photos, il ne reste que des photos de ses ateliers de Nadar. Elle a été reconstituée après deux années de recherches dans les documents d’époque.

En 1974, « pour le centenaire de l’impressionnisme, il y a eu une grande exposition au Grand Palais », rappelle la ministre de la Culture Rima Abdul Malak. Mais la fête était parisienne. Pour le 150e anniversaire, Christophe Léribault souhaitait un « véritable fête nationale ». Il a demandé à ses confrères des quatre coins de la France quelles œuvres ils souhaiteraient se voir prêter. Au total, 178 œuvres de ses collections seront prêtées par le musée d’Orsay à 34 institutions partenaires dans 13 régions, du Havre à Ornans, de Tourcoing à Nice, de Bordeaux à Saint-Denis de La Réunion.

Les musées en ont demandé une ou se sont montrés plus gourmands, ils empruntent des œuvres strictement impressionnistes, ou d’artistes pré- ou post-impressionnistes. On peut voir au Palais Fesch à Ajaccio Le Bassin aux Nymphéas, harmonie rose de Claude Monet, aux côtés d’une œuvre spécialement créée par l’artiste contemporain Fabrice Hyber. A la Fondation Van Gogh d’Arles, Nuit étoilée sur le Rhônepeint à proximité, sera au centre d’une exposition sur « Van Gogh et les étoiles ». Au Musée des Beaux-Arts de Bordeaux, Le balcon d’Édouard Manet et La cabine des douanes de Claude Monet interagira avec les collections.

La mer à Giverny, la neige à Clermont-Ferrand, les enfants à Roubaix, les femmes à Nice

Le Musée des Impressionnismes de Giverny proposera une exposition sur L’impressionnisme et la mer, grâce à 16 prêts du musée d’Orsay, tandis que le musée d’art Roger-Quilliot de Clermont-Ferrand se concentrera sur la neige. Le Musée des Beaux-Arts Jules Chéret de Nice mettra à l’honneur les femmes impressionnistes, avec une exposition sur les deux séjours de Berthe Morisot à Nice, avec également Eva Gonzalès, Mary Cassatt et Louise Breslau.

A La Piscine de Roubaix, les enfants de Degas, Renoir et Pissarro, dont Petite danseuse de 14 ans dès le premier, rejoindra la « Joconde » du musée, La Petite Châtelaine de Camille Claudel. Quant au MUba Eugène-Leroy à Tourcoing, il est carrément gourmand : réunissant 57 chefs-d’œuvre des collections nationales signés Monet, Renoir, Pissarro, Cézanne, Caillebotte, Signac, Gauguin et Bonnard, il proposera une grande exposition sur le paysage impressionniste. .