Plus d’un millier de sites sont déjà inscrits au patrimoine mondial. Plus d’une cinquantaine d’entre eux sont menacés de destruction.
Mosquées médiévales, un tronçon des Routes de la Soie, forêts… plus d’une cinquantaine de sites sauront d’ici le 25 septembre s’ils ont été inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO lors d’une réunion à Riyad, la capitale de l’Arabie Saoudite, au cours de laquelle ceux de Venise et Kiev sera peut-être déclarée en danger.
De la Lettonie à la Thaïlande en passant par Madagascar, les candidats apprendront auprès du Comité du patrimoine mondial, dont la 45e session élargie a débuté dimanche 10 septembre en Arabie Saoudite, si la valeur exceptionnelle de leurs biens culturels ou naturels a été reconnue.
De nombreux prétendants inconnus
Parmi les 53 prétendants – un nombre important car le meeting de 2022, prévu en Russie, n’a pas eu lieu en raison de son invasion de l’Ukraine – beaucoup sont inconnus ou moins célèbres en tout cas que l’Alhambra en Espagne, la Grande Muraille de Chine ou le Yellowstone. Parc aux Etats-Unis, ces joyaux du patrimoine mondial. Il y a par exemple Koh Ker, capitale éphémère khmère du Xe siècle, située à 80 km d’Angkor, au nord du Cambodge. En partie cachée par une forêt dense, elle est composée de nombreux temples et sanctuaires aujourd’hui partiellement recouverts de végétation.
La Tunisie, de son côté, demande que Djerba, île aujourd’hui plutôt associée au tourisme de masse, soit inscrite sur la liste du patrimoine mondial en tant que « paysage culturel, témoignage de l’occupation d’un territoire insulaire ». La Turquie fait de même pour les mosquées médiévales « avec des colonnes et une structure supérieure en bois ». La France aspire à une reconnaissance universelle pour la Maison Carrée de Nîmes, temple romain vieux de deux mille ans et parfaitement conservé.
Le Tadjikistan, le Turkménistan et l’Ouzbékistan ont lancé une offre commune pour le corridor Zeravshan-Karakoum, un tronçon de près de 900 km des Routes de la Soie, qui a irrigué l’Asie du IIe siècle avant notre ère au XVIe siècle. Plusieurs pays ont également demandé l’extension de certains sites naturels déjà inscrits. Comme le Vietnam, pour la légendaire baie d’Ha Long, ou l’Azerbaïdjan et l’Iran pour leurs vastes « Forêts hyrcaniennes », avec une biodiversité impressionnante.
1157 sites appartiennent au patrimoine mondial
Les inscriptions au patrimoine mondial apportent « reconnaissance » aux pays concernés car ils attestent que leurs sites « sont importants et ont également contribué au développement de notre humanité », Lazare Eloundou, directeur du patrimoine mondial à l’UNESCO, a déclaré à l’AFP. Ils peuvent apporter du développement économique à travers le tourisme, une opportunité pour les communautés locales, « Garants et gardiens de ces sites depuis des générations »il continue.
Cette année, une nouvelle tendance apparaît également dans les candidatures. Trois dossiers concernent des lieux de mémoire, ceux-ci étant jusqu’à présent peu représentés au sein du patrimoine mondial. Le Rwanda propose d’inclure quatre mémoriaux commémorant le génocide des Tutsi, ainsi que l’École supérieure de mécanique militaire (Esma) pour l’Argentine, un centre de torture sous la dictature (1976-1983) devenu musée. La France et la Belgique ont une approche similaire pour les lieux liés à la Première Guerre mondiale.
Aujourd’hui, 1 157 sites appartiennent au patrimoine mondial, dont 900 culturels, 218 naturels et 39 mixtes. Cinquante-cinq d’entre eux sont considérés « en danger » et six autres pourraient les rejoindre. Le couperet pourrait donc tomber pour Venise, car la Sérénissime est menacée par « l’eau monte » et le « surtourisme »observe Lazare Eloundou.
Kiev et Lviv, sites menacés par l’invasion russe
L’agence de l’ONU souhaite également inclure les sites de Kiev et de Lviv au patrimoine mondial en danger à cause de l’invasion russe car ils sont « menacé de destruction ». « Il y a eu des attaques dans les zones tampons de ces sites et nous ne savons pas ce qui va se passer dans le futur. » Il regrette.
Tous les dossiers ont été étudiés au préalable par des experts, qui ont soumis leurs recommandations, tant pour le placement en patrimoine menacé que pour l’intégration de nouveaux sites. Ils sont par exemple favorables à l’inscription de Koh Ker (Cambodge), mais suggèrent « renvoyer l’examen » du dossier Djerba. Les États membres du Comité du patrimoine mondial peuvent ou non suivre leurs recommandations.
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