Gisèle Pelicot, dont le mari est jugé à Avignon pour l’avoir droguée afin que des hommes puissent la violer, a demandé la fermeture des fonds de soutien et « la plus grande modération sur les réseaux sociaux », Vendredi 6 septembre. “Mmoi Gisèle Pelicot et sa famille remercient toutes les personnes qui ont envoyé des messages massifs de soutien du monde entier depuis le début du procès.leurs avocats, Stéphane Babonneau et Antoine Camus, ont indiqué dans un communiqué.
« Néanmoins, notre client souhaite absolument préserver la dignité et la sérénité des débats qui se déroulent actuellement. (…) Elle appelle donc aujourd’hui à la plus grande modération sur les réseaux sociaux, ne souhaite pas qu’aucune caisse de soutien en ligne ne soit ouverte et demande que celles déjà ouvertes soient fermées.”ils écrivent.
Au moins une collecte de fonds en ligne a été lancée par Nabilla Benattia, une ancienne star de télé-réalité devenue influenceuse. Intitulée « Nouvelle vie pour Gisèle Pélicot », elle vise à « participer aux frais de justice (de la victime) et de l’aider à traverser cette terrible épreuve”. Ouvert le jeudi soir, il était “en cours de vérification” par le site hébergeur vendredi à 11 heures, après avoir atteint 40.000 euros de dons selon l’Agence France-Presse (AFP).
Pas de huis clos pour que « la honte change de camp »
Depuis son ouverture lundi devant le tribunal correctionnel d’Avignon, ce procès hors norme, avec cinquante et un accusés – le mari et cinquante autres hommes âgés de 26 à 74 ans – accusés d’avoir violé Mmoi Pélicot, de juillet 2011 à octobre 2020, après avoir été droguée aux anxiolytiques par son mari, suscite un intérêt énorme. Les médias et les réseaux sociaux français et étrangers se passionnent pour l’affaire, d’autant que la victime souhaitait que le procès ne se tienne pas à huis clos, afin d’attirer l’attention sur le phénomène de soumission chimique et pour que « La honte change de camp ».
Listes avec les noms des accusés, parfois accompagnées de commentaires sibyllins tels que : “si cela peut être utile”circulent sur les réseaux, notamment sur X. Les avocats de la défense se sont également plaints à l’audience d’être « agressé » sur les réseaux sociaux.
Roger Arata, le président du tribunal correctionnel, composé uniquement de magistrats professionnels, a réagi jeudi en rappelant « principe fondamental » de la présomption d’innocence. Mais il a souligné que son pouvoir de ” police “prévu par le Code de procédure pénale, se limitait à ce qui se passe dans la salle d’audience.
« Une justice sereine n’est pas une justice en 140 caractères »
« Nos clients sont parfaitement conscients que cette affaire est une tragédie pour les familles, des deux côtés du tribunal, car les familles des accusés n’ont rien demandé non plus. »a insisté auprès de l’Agence France-Presse Antoine Camus, l’un des avocats de M.moi Pélicot.
« Les avocats de la partie civile prennent la mesure de ce que la portée de ces audiences peut représenter pour d’autres familles »Paul-Roger Gontard, avocat de deux accusés, a indiqué à l’AFP. « Tout le monde mérite le respectil a insisté. Aujourd’hui, sur les réseaux sociaux, nous affichons en termes définitifs des noms, des professions, des situations matrimoniales, des vies, des existences qui pourraient dans quelques mois être reconnues comme innocentes. « Une justice sereine n’est pas une justice en 140 caractères sur Twitter (aujourd’hui X) »il a continué. « Une justice sereine est une justice qui, au terme d’un temps d’audience et de débats construits et raisonnés, permettra ou non de déclarer la culpabilité. Sans quoi elle n’est pas une justice, c’est un peloton d’exécution judiciaire. »