EEn juin, je me suis rendu à Doha, au Qatar, pour m’entretenir avec des patients palestiniens et leurs familles évacués de Gaza. Les professionnels de santé qui les soignaient nous ont dit qu’il s’agissait des cas de traumatismes les plus complexes qu’ils aient jamais vus.
D’autres pays, comme la France, dotés de systèmes de santé solides et sophistiqués et des capacités nécessaires, devraient accueillir les Palestiniens de Gaza qui ne peuvent pas recevoir les soins dont ils ont besoin à Gaza ou en Égypte. Il s’agit d’un impératif humanitaire.
Selon le ministère de la Santé de Gaza, plus de 40 000 Palestiniens ont été tués et plus de 93 000 blessés au cours des dix mois de campagne militaire israélienne à Gaza. Le système de santé de Gaza est au bord de l’effondrement, avec seulement 16 hôpitaux sur 36 fonctionnant encore partiellement, une grave pénurie de médicaments et de carburant et 500 professionnels de santé tués.
Évacué vers le Qatar
Malgré les allégations de l’armée israélienne selon lesquelles le Hamas aurait installé des bases dans des hôpitaux, aucune preuve n’a été présentée pour justifier la privation de ces établissements de santé et de ces ambulances de leur statut protégé par le droit international humanitaire.
À Doha, j’ai rencontré Malak Shahin, une Palestinienne de Gaza, qui m’a raconté comment une explosion a frappé le bâtiment voisin de celui où elle et sa famille s’étaient réfugiées le 11 octobre 2023. Il a fallu 40 minutes aux secouristes pour retrouver sa fille de 17 ans, Shahad, qui était inconsciente. Le fils de Malak Shahin, médecin, lui a pratiqué la réanimation cardiopulmonaire. “pendant au moins dix minutes, mais ça n’a servi à rien”selon Malak.
« Les ambulanciers ont enveloppé son corps pour le préparer pour les funérailles et nous l’avons emmené pour l’enterrer. J’ai ouvert le sac pour la voir une dernière fois, puis j’ai vu ses yeux s’ouvrir et je l’ai entendue faire du bruit. » Shahad a été réanimée et évacuée vers le Qatar, où elle est soignée pour une grave perte de mémoire et des lésions cérébrales importantes.
Shahad fait partie des 470 blessés de Gaza qui reçoivent des soins spécialisés de haut niveau à Doha. J’ai également rencontré Jehad Arafat, un artiste de 29 ans qui s’était réfugié dans une école près de l’hôpital Nasser à Gaza en février. Il était sorti chercher de l’eau lorsqu’un sniper l’a abattu d’une hauteur. « Soudain, je me suis rendu compte que ma jambe droite avait dépassé mon épaule gauche. » Il a déclaré que l’homme armé avait continué à prendre pour cible les personnes qui tentaient de le sauver. Finalement, un ami lui a lancé une corde et l’a tiré en lieu sûr, puis l’a transporté à l’hôpital Nasser.
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