« Avec cette médaille, je ne serai plus seulement le petit frère d’Ugo » “C’est un plaisir de vous annoncer que nous avons eu la chance de vous voir tous les deux”, a déclaré Lucas Didier avec malice aux journalistes, samedi 7 septembre, après avoir reçu la médaille d’argent du tournoi para tennis de table dans la catégorie MS9, réservée aux joueurs debout.
Valérie et Philippe, ses parents, n’étaient pas à l’Arena Paris Sud pour le féliciter, mais à la piscine de La Défense Arena de Nanterre, où leur autre fils, Ugo, a terminé cinquième de la finale du relais mixte 4 x 100 m nage libre. « Je leur ai demandé de ne pas venir car je préfère rester dans ma bulle »justifie le jeune pongiste (21 ans).
C’est donc loin des yeux de ses parents que Lucas Didier a été battu en finale par le Belge Laurens Devos. Double médaillé d’or à Tokyo en 2021, invaincu depuis sept ans, ce dernier s’est imposé en trois sets (11-9, 11-7, 11-7). Dans la matinée, le Français avait éliminé l’Australien Ma Lin, autre grand nom du circuit, en demi-finale au terme d’un match haletant.
« Je pense qu’il s’est éclaté tout au long de la compétition. Il a su prendre du plaisir et je pense que seules des choses positives en ressortiront », Ugo Didier s’est exprimé dans la soirée après sa dernière course. Le faire pour vos premiers Jeux, c’est énorme !
Avec sa médaille d’argent, Lucas va prendre un peu de la lumière des Jeux dans laquelle baigne son frère depuis son vice-champion olympique en para natation à Tokyo. Champion du monde et d’Europe, ce dernier repartira de Paris avec trois médailles supplémentaires (l’or sur 400 m nage libre, l’argent sur 100 m dos et 200 m quatre nages). Un succès qui a focalisé l’attention des médias.
” “C’était un peu dur pour Lucas car les journalistes lui parlaient systématiquement de son frère. Il est arrivé aux Jeux avec des ambitions et on lui a parlé d’Ugo dix jours sur treize. Donc c’est super qu’il ait réussi”, a-t-il confié. explique Roza Soposki, responsable performance en para tennis de table à la Fédération Française Handisport.
Petite rivalité
Les deux frères n’ont qu’un an d’écart, souffrent du même handicap (pied bot et atrophie des membres inférieurs), mais ils n’ont pas choisi la même discipline, suivant les conseils de leurs parents. L’idée était de leur éviter de se retrouver en compétition, tandis que la priorité était d’utiliser le sport pour alléger leur programme de rééducation.
Entre les deux frères, une petite rivalité existe pourtant, mais elle est plutôt décontractée. Lorsqu’ils se retrouvent au village olympique, ils évitent de parler de sport, histoire de se détendre. On se taquine beaucoup, mais on ne se compare pas, Lucas se confie. Nous fêterons nos médailles ensemble, comme il se doit.
Médaillé de bronze aux championnats du monde en 2022 et aux championnats d’Europe en 2023, le Toulousain revient de loin. « J’ai eu du mal à me qualifier pour les Jeux » Il a dit. Deux ans plus tôt, il avait traversé une crise. « J’ai failli abandonner le tennis de table car je n’avais plus de plaisir à jouer »Il révèle. Le staff de l’équipe de France a réussi à le faire changer d’avis.
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” Nous avons beaucoup parlé, rembobine Carole Grundisch, son entraîneur. Il a trouvé une nouvelle orientation académique qui lui convient mieux, la chiropraxie, il est retourné vivre chez ses parents, il a retrouvé ses amis. Tout cela fait qu’il est épanoui et qu’il a de bons résultats.
Personnalité atypique, introvertie, Lucas Didier est passionné de livres, de jardinage et de photographie. On l’a vu mûrir tout au long de la saison, au fil des matchs, continue Roza Soposki. Aux Jeux, il est arrivé jeune et il repart homme, c’est super pour lui.”
Cette distinction va égayer la scène para tennis de table française, dont le bilan est plutôt décevant, avec six médailles paralympiques, dont une en or, contre onze (dont deux titres) à Tokyo, alors que l’objectif de la fédération était de dix récompenses.