Ilest l’histoire d’une construction intellectuelle particulièrement audacieuse, publiée le 6 septembre dans la revue ScienceEn grande pompe. Et pour cause : en voulant démontrer les liens qui unissent la santé aux écosystèmes planétaires, un jeune économiste de l’environnement, Eyal G. Frank, professeur adjoint à l’université de Chicago, aurait réussi une “démonstration” explosive. La mort de 1 300 bébés aux Etats-Unis serait directement liée à l’utilisation de pesticides, par une chaîne de causalité complexe : le déclin des populations de chauves-souris, grandes dévoreuses d’insectes, aurait conduit les agriculteurs à accroître leur recours aux insecticides, entraînant une hausse de la mortalité des enfants de moins d’un an.
Relayée mondialement par la presse grand public, cette étude mérite qu’on s’y arrête car elle illustre une nouvelle approche de plus en plus populaire dans les sciences de l’environnement : l’approche « One Health », qui vise à promouvoir des politiques de santé mondialisées intégrant l’interdépendance des sociétés humaines avec leurs écosystèmes, et qui a pour caractéristique méthodologique de « privilégier l’approche globale à l’étude exhaustive des détails », selon la définition donnée par le dictionnaire de l’agroécologie.
Le « syndrome du nez blanc » lié à la mortalité infantile
L’unique auteur de l’étude, l’économiste Eyal G. Frank, a voulu démontrer comment (…) Lire la suite