Margrethe Vestager avait « préparé pour la défaite ». « La victoire m’a fait pleurer »Le commissaire à la concurrence s’est réjoui après que la Cour de justice de l’Union européenne (UE) a statué en faveur de la Commission européenne contre Apple, mardi 10 septembre. L’Irlande a « a accordé à Apple une aide illégale que cet État est tenu de récupérer »la Cour a déclaré, précisant que ce jugement est “définitive”Concrètement, le groupe de Cupertino doit rembourser à Dublin 13 milliards d’euros d’avantages fiscaux indus, dont il a bénéficié entre 2003 et 2014 et qui sont bel et bien assimilables à des aides d’Etat illégales.
Dans ce cas, la Danoise, qui après dix ans à la Commission doit quitter son poste d’ici la fin de l’année, jouait une grande partie de son héritage. Lors de son premier mandat, entre 2014 et 2019, Margrethe Vestager avait lancé une lutte acharnée contre l’évasion fiscale des multinationales qui profitaient pleinement des régimes fiscaux accommodants du Luxembourg, des Pays-Bas, de la Belgique et de l’Irlande. Peu importe que la politique fiscale soit une compétence nationale, la « dame des impôts »comme l’avait dédaigneusement rebaptisé le président américain Donald Trump, avait ouvert de nombreuses enquêtes, jugeant qu’il y avait là des aides d’État illégales.
Depuis, les tribunaux européens lui ont souvent donné tort. La chaîne américaine Starbucks, le groupe automobile Fiat, l’énergéticien français Engie ou encore le géant américain de la vente en ligne Amazon ont tous vu les décisions de la Commission à leur encontre annulées. L’affaire Apple, la plus emblématique en raison des montants en jeu – 13 milliards d’euros – semblait elle aussi mal partie. En 2020, le tribunal de l’UE, saisi par l’entreprise à la pomme et l’Irlande, avait, en première instance, annulé la décision de la Commission de 2016.
Feuilleton juridique
Dans ce contexte, Margrethe Vestager, que l’on connaissait pour son agressivité, a perdu sa pugnacité. Au cours de son second mandat, la commissaire à la concurrence a abandonné son combat contre les avantages fiscaux accordés aux multinationales, en attendant que justice soit faite. « Ces dernières années, la Commission s’est montrée très réticente à examiner des cas qui méritaient d’être examinés »affirme Benoit Le Bret, associé au cabinet Gide Loyrette Nouel et spécialiste en droit communautaire.
En novembre 2023, Margrethe Vestager avait repris espoir lorsque l’avocat général de la Cour de justice de l’UE, auprès de laquelle la Commission avait fait appel, avait estimé qu’en 2020, la Cour avait « a commis plusieurs erreurs de droit » et a demandé que l’affaire Apple soit rejugée sur le fond. Le jugement de mardi met un terme à une saga judiciaire de huit ans et lui permet de partir la tête haute.
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Margrethe Vestager avait « préparé pour la défaite ». « La victoire m’a fait pleurer »Le commissaire à la concurrence s’est réjoui après que la Cour de justice de l’Union européenne (UE) a statué en faveur de la Commission européenne contre Apple, mardi 10 septembre. L’Irlande a « a accordé à Apple une aide illégale que cet État est tenu de récupérer »la Cour a déclaré, précisant que ce jugement est “définitive”Concrètement, le groupe de Cupertino doit rembourser à Dublin 13 milliards d’euros d’avantages fiscaux indus, dont il a bénéficié entre 2003 et 2014 et qui sont bel et bien assimilables à des aides d’Etat illégales.
Dans ce cas, la Danoise, qui après dix ans à la Commission doit quitter son poste d’ici la fin de l’année, jouait une grande partie de son héritage. Lors de son premier mandat, entre 2014 et 2019, Margrethe Vestager avait lancé une lutte acharnée contre l’évasion fiscale des multinationales qui profitaient pleinement des régimes fiscaux accommodants du Luxembourg, des Pays-Bas, de la Belgique et de l’Irlande. Peu importe que la politique fiscale soit une compétence nationale, la « dame des impôts »comme l’avait dédaigneusement rebaptisé le président américain Donald Trump, avait ouvert de nombreuses enquêtes, jugeant qu’il y avait là des aides d’État illégales.
Depuis, les tribunaux européens lui ont souvent donné tort. La chaîne américaine Starbucks, le groupe automobile Fiat, l’énergéticien français Engie ou encore le géant américain de la vente en ligne Amazon ont tous vu les décisions de la Commission à leur encontre annulées. L’affaire Apple, la plus emblématique en raison des montants en jeu – 13 milliards d’euros – semblait elle aussi mal partie. En 2020, le tribunal de l’UE, saisi par l’entreprise à la pomme et l’Irlande, avait, en première instance, annulé la décision de la Commission de 2016.
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Dans ce contexte, Margrethe Vestager, que l’on connaissait pour son agressivité, a perdu sa pugnacité. Au cours de son second mandat, la commissaire à la concurrence a abandonné son combat contre les avantages fiscaux accordés aux multinationales, en attendant que justice soit faite. « Ces dernières années, la Commission s’est montrée très réticente à examiner des cas qui méritaient d’être examinés »affirme Benoit Le Bret, associé au cabinet Gide Loyrette Nouel et spécialiste en droit communautaire.
En novembre 2023, Margrethe Vestager avait repris espoir lorsque l’avocat général de la Cour de justice de l’UE, auprès de laquelle la Commission avait fait appel, avait estimé qu’en 2020, la Cour avait « a commis plusieurs erreurs de droit » et a demandé que l’affaire Apple soit rejugée sur le fond. Le jugement de mardi met un terme à une saga judiciaire de huit ans et lui permet de partir la tête haute.
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