Nommé président du comité directeur des Etats généraux de l’information (EGI) en remplacement de Bruno Lasserre en janvier, le président d’Arte alerte sur « une détérioration du débat public avec des frontières floues entre fiction, désinformation et réalité »Il espère que le Les propositions du rapport remis au président de la République et rendu public jeudi 12 septembre seront renvoyées « dans l’agenda de ceux qui sont légitimes à prendre des décisions ».
Quel bilan tirez-vous des neuf mois de travail de l’EGI ?
Tout d’abord, il y a une marginalisation de l’information par rapport à de nombreux autres messages, noyée par les plateformes numériques, et tout cela se déroule dans un espace d’information polarisé par les réseaux sociaux. Il y a aussi des mouvements actifs de discréditation depuis l’étranger. Enfin, il y a un appauvrissement du secteur, avec des entreprises qui ont de plus en plus de mal à survivre économiquement sans subventions directes ou indirectes, et de ceux qui exercent le métier de journaliste.
Les différents groupes de travail ont émis de très nombreuses propositions. Comment le comité de pilotage de l’EGI a-t-il décidé d’en retenir 17 ?
Nous avons mis en avant ces propositions, cela ne veut pas dire que nous rejetons toutes les autres, la meilleure preuve est qu’elles sont publiées dans le rapport. Nous avons retenu un petit nombre de propositions, car nous savions qu’en en mettant 200 ou 400, elles disparaîtraient. Les propositions se situent au niveau national, européen, mais aussi interprofessionnel.
Pour ces derniers, nous appelons à une labellisation volontaire et plurielle des entreprises de presse, car nous ne voulons pas l’imposer. Cela permettrait aux citoyens de mieux distinguer les sources d’information fiables et à l’action publique d’être efficace.
De plus, les droits voisins (droit d’auteur permettant aux journaux, magazines ou agences de presse d’être rémunérés lorsque leur contenu est réutilisé sur Internet par des sociétés comme Google) sont un pas en avant, mais les négociations doivent être plus collectivisées, car les discussions les transactions de gré à gré entraînent une certaine opacité qui joue en faveur des plateformes.
Plusieurs propositions semblent consensuelles et peu engageantes (éducation aux faits, sensibilisation du public à la désinformation, étiquetage volontaire des médias). Est-ce suffisant pour répondre à l’urgence ?
Les États Généraux de l’Information ne sont ni l’exécutif, ni le législatif, ni une autorité supra-législative. Nous ne nous considérons pas comme des décideurs, des législateurs, des régulateurs ou encore l’organisation interprofessionnelle, car nous ne sommes pas représentatifs et nous l’assumons. La mission des EGI est de mettre sur la table un certain nombre de propositions pour rentrer dans l’agenda de ceux qui sont légitimes à prendre des décisions. Nous ouvrons la discussion avec des propositions fortes comme celle de redistribuer une partie des revenus publicitaires aux médias en instaurant une contribution obligatoire des plateformes numériques sur la publicité en ligne.
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