LLe temps antitrust s’annonce houleux pour Google cet automne. Lundi 9 septembre a débuté aux Etats-Unis le procès intenté par le ministère de la Justice pour abus de position dominante et pratiques anticoncurrentielles dans ses outils de gestion de publicité en ligne. En août, l’entreprise avait été condamnée pour avoir imposé indûment son moteur de recherche sur les smartphones, grâce à des contrats de plusieurs dizaines de milliards de dollars avec Apple. Et mardi, Google a vu la Cour européenne de justice confirmer l’amende de 2,4 milliards d’euros infligée par Bruxelles pour avoir favorisé son outil de comparaison de produits Google Shopping sur son moteur de recherche.
Le même jour, un autre géant du numérique a subi un revers de taille : Apple doit rembourser 13 milliards d’euros à Dublin pour des avantages fiscaux indus, a jugé la justice européenne. Faut-il y voir le signe que, des deux côtés de l’Atlantique, une tempête se prépare pour les multinationales technologiques, alimentée par le souffle des autorités de la concurrence américaines et européennes ?
Le tableau est en réalité beaucoup plus nuancé. La lutte entre Bruxelles et Washington contre les géants du numérique est une longue marche. Les sanctions confirmées par la justice européenne ont été décidées en 2016 et 2017, pour des faits encore antérieurs. Ces décisions de la commissaire à la concurrence, Margrethe Vestager, ne sont confirmées qu’aujourd’hui parce que Google et Apple les ont contestées à plusieurs reprises. Le moteur de recherche a d’ailleurs fait appel de sa condamnation d’août.
Par ailleurs, le procès ouvert lundi ne concerne que ses outils de gestion publicitaire, notamment pour les annonceurs et les sites tiers, domaine où il lui est reproché de privilégier ses propres médias (dont YouTube). Le groupe est certes passible de dommages et intérêts importants et d’une possible amende. “démantèlement”, mais cette dernière ne concernerait que cette activité technique, marginale par rapport à la publicité sur son moteur. Le groupe a d’ailleurs déjà été condamné en France pour ces mêmes pratiques.
Plus largement, Google est actuellement le seul géant du numérique à avoir été traduit en justice depuis le changement d’attitude des autorités américaines après le scandale Cambridge Analytica visant Facebook et l’élection de Donald Trump en 2016. Par la suite, une série de procédures ont été lancées par le ministère de la Justice contre Apple pour son écosystème mobile en mars 2024 ou par la Federal Trade Commission contre Amazon, pour sa plateforme de commerce électronique en 2023, et contre Facebook, devenu Meta, pour son acquisition d’Instagram et WhatsApp… en 2012 et 2014.
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