« Nous ne sommes pas loin de sombrer. » Le constat pique comme un avertissement, un énième, adressé aux dirigeants du football français. Il a été formulé lors d’une conférence de presse, dans l’après-midi du jeudi 12 septembre, par Laurent Lafon (Union centriste), président de la mission d’information du Sénat sur la financiarisation du football. Cinq mois après son lancement, le sénateur du Val-de-Marne était accompagné de Michel Savin (Les Républicains), sénateur de l’Isère et rapporteur de la commission, pour “un rapport d’avancement”.
Plus tôt dans la journée, les deux parlementaires avaient visité les locaux de la Ligue de football professionnel (LFP) et de sa filiale commerciale, LFP Media, situés dans le 17e arrondissement.et arrondissement de Paris. Ils ont récupéré quelques documents et interrogé trois dirigeants : Arnaud Rouger et Sébastien Cazali, respectivement directeur général et directeur financier de la LFP, et Benjamin Morel, directeur général de LFP Médias. Vincent Labrune, récemment réélu président de l’institution mardi, était en revanche absent.
Après avoir mené une cinquantaine d’auditions, Laurent Lafon et Michel Savin ont donc tenu à apporter les premières observations à l’issue de leurs travaux dont l’objectif est « faire le point sur la financiarisation du football professionnel »notamment après la conclusion de l’accord entre la LFP et le fonds d’investissement CVC Capital Partners. En avril 2022, ce dernier a injecté 1,5 milliard d’euros dans le football français en échange de l’acquisition à vie de 13% des droits de LFP Media, société commerciale créée pour l’occasion.
« Le risque d’un championnat à deux vitesses »
Deux ans après la conclusion de cet accord, les deux sénateurs critiquent l’utilisation de ces nouvelles ressources. « Qu’ont fait les clubs avec la contribution de 1,5 milliard d’euros du CVC ? »s’interroge Michel Savin, qui vise aussi et surtout la Ligue. « Les enjeux du débat (en 2022)il s’agissait de fournir des ressources supplémentaires aux clubs pour être compétitifs à l’échelle européenne, pas d’enrichir la Ligue”il ajoute.
Les documents fournis par la LFP révèlent que, depuis 2022, elle vit dans l’extravagance : son effectif est passé de 77 à 137 personnes, sa masse salariale est passée de 7 à 17,5 millions d’euros, le salaire de son président a triplé – pour atteindre 1,2 million d’euros par an – et la Ligue a acquis de nouveaux locaux estimés à 131 millions d’euros. « On voit qu’il y a un contraste entre le train de vie de la Ligue et la situation financière des clubs »assure Michel Savin.
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