Le Premier ministre britannique Keir Starmer et le président américain Joe Biden discuteront vendredi à Washington de la question de savoir si Kiev devrait être autorisée à utiliser des missiles à longue portée contre la Russie, avant une élection présidentielle américaine à enjeux élevés pour l’Ukraine.
Kiev exige de ses alliés la levée des restrictions qui lui permettent de frapper en profondeur sur le sol russe des cibles militaires jugées « légitimes », comme les bases aériennes d’où décollent les avions bombardant l’Ukraine.
Mais Vladimir Poutine a déclaré jeudi que permettre à l’Ukraine de frapper le territoire russe avec des missiles à longue portée signifierait que « les pays de l’OTAN sont en guerre avec la Russie ».
Selon les médias britanniques, Joe Biden, qui craint un conflit nucléaire, serait prêt à autoriser l’Ukraine à déployer des missiles britanniques et français utilisant la technologie américaine, mais pas les missiles américains eux-mêmes.
Ces discussions interviennent dans un contexte de tension en pleine campagne présidentielle américaine. Lors du débat qui l’opposait cette semaine à sa rivale démocrate Kamala Harris, le candidat républicain Donald Trump a refusé à plusieurs reprises de dire qu’il espérait que Kiev gagnerait la guerre contre la Russie.
« Je veux que la guerre cesse », a-t-il simplement déclaré.
Lors de cette visite, sa deuxième à Washington depuis sa prise de fonctions en juillet, Keir Starmer doit rencontrer Joe Biden dans le bureau ovale à 16h30 (20h30 GMT). “Ce sont des rencontres stratégiques pour discuter de l’Ukraine et du Moyen-Orient”, a déclaré jeudi le dirigeant britannique.
La semaine dernière, le gouvernement Starmer a annoncé la suspension d’environ 30 des 350 licences d’exportation d’armes vers Israël, affirmant qu’il y avait « un risque » qu’elles soient utilisées en violation du droit international humanitaire à Gaza.
Les Etats-Unis, principal soutien militaire d’Israël, ont refusé de critiquer la décision de Londres. Mais selon le média américain Politico, Washington aurait demandé à Londres ce qu’il faudrait pour revenir sur sa décision. La réponse : un cessez-le-feu à Gaza.
– « Se défendre efficacement » –
Mais c’est l’Ukraine qui restera au centre des discussions. Mardi, Joe Biden a assuré que les Etats-Unis “travaillaient” pour autoriser l’Ukraine à utiliser des missiles à plus longue portée contre la Russie.
Les ministres des Affaires étrangères américain et britannique, Antony Blinken et David Lammy, ont effectué mercredi une rare visite conjointe à Kiev.
“Nous nous adapterons si nécessaire, notamment en ce qui concerne les moyens dont dispose l’Ukraine pour se défendre efficacement contre l’agression russe”, a déclaré le lendemain le secrétaire d’Etat américain en Pologne.
Mais Vladimir Poutine a prévenu les puissances occidentales : « Cela changerait la nature même du conflit. »
Washington autorise actuellement Kiev à frapper uniquement des cibles russes dans les zones occupées de l’Ukraine et certaines régions frontalières russes directement liées aux opérations de combat de Moscou.
Biden a soutenu l’Ukraine avec force depuis l’invasion russe en février 2022, en lui fournissant des milliards de dollars d’aide. Mais il s’est montré réticent à accélérer les livraisons d’armes, l’Ukraine ayant dû attendre cette année pour recevoir des avions de chasse F-16.
A l’approche des élections américaines, l’heure tourne pour Kiev, confrontée à la possibilité d’une victoire de Donald Trump, au coude à coude dans les sondages avec Kamala Harris.
Lors du débat, le candidat républicain, qui a souvent fait l’éloge de Vladimir Poutine, s’est engagé à conclure un accord pour mettre fin à la guerre s’il était élu “avant même” de devenir officiellement président. Un accord qui, selon de nombreux Ukrainiens, les obligerait à accepter que la Russie conserve les territoires qu’elle a conquis.
Kamala Harris a pour sa part promis de continuer à soutenir fermement l’Ukraine, dans la lignée de son administration actuelle.
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