“CEsare Pavese est devenu l’écrivain de mes 30 ans, probablement parce que je ne cherchais plus un mentor, mais seulement un ami pour me tenir compagnie. Les vies des écrivains rivalisent rarement en intensité avec celles des conquérants. Mais certaines sont dotées d’un potentiel romanesque que les récits biographiques savent parfois exploiter. Ainsi Cesare Pavese (1908-1950), l’un des écrivains les plus marquants de l’après-guerre italien, auteur de deux des plus beaux titres de la littérature mondiale, Travailler est fatiguant Et L’Art de VivreOn pourrait même parler d’une romance noire à son sujet, le désir de mourir ayant jeté une ombre pétrifiante sur sa vie.
Pierre Adrien, offre à Cesare Pavese un tombeau joyeux avec Hôtel Roma.
C’est donc à la recherche d’un homme désespéré que Pietro Adrian s’est lancé. Avec d’autant plus de mérite que Pavese, comme il le suppose immédiatement, est un Piémontais sombre, dur et sentencieux dont le négativisme a conquis tous ceux qui l’ont approché – tous ceux qui le lisent encore d’ailleurs. N’aimant ni vivre ni voyager, ni aller à la mer ni danser, Pavese n’a pas non plus cherché à s’engager, bien que le régime fasciste l’ait relégué en Calabre pendant huit mois. Mais c’est cette grisaille qui le rend universel en révélant nos failles les plus secrètes – sa littérature semblait être le journal des autres, pourrait dire un critique.
Somnifères
Pavese avait reçu la reconnaissance de ses pairs à travers le prix Strega, le Goncourt italien. Il avait aussi été amoureux (…) Lire la suite