Il y a eu des larmes dimanche 8 septembre, après le match entre le San Diego Wave et le North Carolina Courage. Mais il y a surtout eu des sourires, beaucoup de sourires. Pour le dernier match de sa longue et riche carrière, Alex Morgan aurait pu espĂ©rer mieux qu’une lourde dĂ©faite (1-4). Qu’importe, l’essentiel Ă©tait ailleurs.
Ă€ 35 ans, Morgan a dĂ©clarĂ© : “arrĂŞt”
Quelques jours plus tĂ´t, l’AmĂ©ricaine avait annoncĂ© la nouvelle sur son compte Instagram. « Je vais aller droit au but : je prends ma retraite. (…) Cette dĂ©cision n’a pas Ă©tĂ© facile Ă prendre. Mais au dĂ©but de l’annĂ©e 2024, j’ai senti au fond de moi que c’était ma dernière saison. Le football fait partie de moi depuis 30 ans. J’ai tout donnĂ© pour ce sport et ce que j’ai reçu en retour est plus que ce dont j’aurais pu rĂŞver. »elle l’a expliquĂ© devant la camĂ©ra Ă ses 10 millions d’abonnĂ©s.
« Quelle aventure cela a été »
Remplacé à 13 anset A la minute de jeu, portant son numéro de maillot fétiche, Alex Morgan a eu droit à une standing ovation du public de San Diego, venu en nombre. A la fin du match, elle a remercié ses fans, pris dans ses bras ses proches et ses coéquipières. « Quelle aventure cela a été »dit-elle avec les larmes aux yeux.
Devenue professionnelle en 2010, Morgan a sillonnĂ© les États-Unis, de New York Ă Seattle, en passant par Orlando et Portland. Elle a remportĂ© le championnat amĂ©ricain en 2013 avec les Portland Thorns. Mais c’est surtout en Ă©quipe nationale, aux cĂ´tĂ©s de Megan Rapinoe et Carli Lloyd, qu’elle a marquĂ© l’histoire de son sport, remportant deux Coupes du monde (2015, 2019) et une mĂ©daille d’or olympique Ă Londres en 2012.
Et puis il y a ce passage Ă Lyon, de dĂ©cembre 2016 Ă juin 2017. Six mois durant lesquels elle fera le triplĂ© : championnat, Coupe de France et Ligue des Champions. GĂ©rard PrĂŞcheur, l’entraĂ®neur de l’OL Ă l’Ă©poque, se souvient surtout d’une “grand professionnel”.
« Son parcours est exceptionnel, ce qu’elle a accompli est extraordinaire. Elle est arrivĂ©e Ă Lyon avec une renommĂ©e internationale, un statut de star, et malgrĂ© cela, elle s’est vraiment très bien intĂ©grĂ©e au groupe, se souvient le technicien de 64 ans. Elle a su faire preuve d’humilitĂ©, avec une envie de toujours vouloir progresser.”
ArrivĂ©e à « physiquement inapte »elle a tout de mĂŞme inscrit 12 buts en seulement 16 matches. Attaquante centrale ou excentrĂ©e, Alex Morgan avait la capacitĂ© de dĂ©stabiliser les dĂ©fenses et de trouver rĂ©gulièrement la faille, comme en tĂ©moignent ses 123 buts en sĂ©lection. « C’Ă©tait une joueuse qui savait parfaitement combiner ses qualitĂ©s de vitesse, de percussion et ses qualitĂ©s techniques, Analyse du prĂ©dicateur. Il y a des joueurs qui sont très techniques mais qui manquent de vitesse, d’autres qui ont la vitesse mais pas le bagage technique pour Ă©galer ce potentiel athlĂ©tique. Alex avait une bonne combinaison des deux. Ce qui est rare, aussi bien chez les filles que chez les garçons.”
Bien que son sĂ©jour ait Ă©tĂ© de courte durĂ©e, l’AmĂ©ricaine a reparti de Lyon avec trois trophĂ©es dans sa valise, dont la prestigieuse Ligue des Champions. « C’Ă©tait important pour elle. On vient Ă Lyon pour gagner des titres. C’Ă©tait son objectif principal. Et puis, il y avait peut-ĂŞtre aussi l’envie d’Ă©tendre l’aura qu’elle avait aux Etats-Unis Ă l’Europe. »
Son combat a eu une influence sur la façon dont les gens regardent le football féminin, le sport féminin et même les femmes en général.
VĂ©ritable figure du sport aux États-Unis (elle fut par exemple la première joueuse Ă apparaĂ®tre sur la couverture du jeu vidĂ©o FIFA), Alex Morgan a Ă©galement marquĂ© le football de son empreinte avec son combat pour l’Ă©galitĂ© salariale au sein de l’Ă©quipe nationale amĂ©ricaine entre hommes et femmes. Une bataille couronnĂ©e de succès en 2022. « J’espère que ce sera bientĂ´t le cas pour tous les joueurs internationaux du monde entier »elle a commentĂ© quelques mois plus tard.
« Je ne pense pas que beaucoup de gens comprendront un jour le poids que tu portes chaque jour en Ă©tant le visage de cette Ă©quipe et du football fĂ©minin en gĂ©nĂ©ral. »a dĂ©clarĂ© Lindsey Horan, ancienne coĂ©quipière d’Alex Morgan dans l’Ă©quipe nationale.
« Son combat a eu une influence sur la façon dont les gens regardent le football fĂ©minin, le sport fĂ©minin et mĂŞme les femmes en gĂ©nĂ©ral. »estime GĂ©rard PrĂŞcheur avant d’ajouter : « Je lui souhaite une reconversion professionnelle Ă la hauteur de son niveau de compĂ©tence. »
Nul doute qu’Alex Morgan va rebondir. OĂą ? La joueuse n’a rien annoncĂ© pour le moment, prĂ©fĂ©rant se concentrer sur sa deuxième grossesse, rĂ©vĂ©lĂ©e en mĂŞme temps que l’annonce de sa retraite. « J’ai toujours tout donnĂ©, dans le football mais aussi en dehors, elle explique Ă nouveau sur Instagram. Ma fille est venue me voir et m’a dit que quand elle serait grande, elle voulait devenir footballeuse. Cela m’a rendu immensĂ©ment fier. Non pas parce que je veux qu’elle devienne footballeuse. Mais parce qu’il existe un chemin pour le devenir. Nous avons changĂ© des vies. (…) Je suis fier du rĂ´le que j’ai jouĂ© dans ce changement. » Alex Morgan est parti, le football n’est pas prĂŞt de l’oublier.