Droit social. Lorsqu’un ancien directeur général du travail pendant treize ans, devenu président de la section du contentieux du Conseil d’Etat et enfin directeur de cabinet du ministre de la Justice puis d’un premier ministre, prend sa plume pour évoquer, sans termes savants ni retournements juridiques impressionnants, Les normes attaquent la démocratie (Odile Jacob, 208 pages, 22,90 euros), on écoute Jean-Denis Combrexelle. A fortiori à l’aube du XVIIe siècleet législature du Vet République, dans notre pays fracturé où le changement politique doit nécessairement se traduire par un bouleversement législatif.
Si l’État de droit est la base de « l’État de droit », Ses filets (nationaux et internationaux) de plus en plus nombreux, aux mailles toujours plus serrées, ne risquent-ils pas d’étouffer nos démocraties ? « le droit a pris une importance disproportionnée dans l’action administrative, masquant souvent une forme de conformisme et de refus culturel de la réforme et du changement », écrit M. Combrexelle.
Sujet concernant directement les entreprises, mais aussi le gestionnaire local, cet utilisateur du dernier kilomètre de la norme. Ou plutôt de normes proliférantes, car si nul n’est censé ignorer la loi, nul n’est désormais censé ignorer la jurisprudence, française et communautaire. Sans oublier certaines les autorités administratives sont devenues si “indépendant” qu’ils établissent leurs propres règles.
Un problème chronique
Mais heureusement l’auteur s’intéresse moins au vieux marronnier de l’inflation des normes (commun à tous les pays développés) qu’aux spécificités françaises dans la conception de celles-ci. Evitant les clichés, puis les « yaka » et autres « faukon », il nous invite dans la salle des machines. A suivre, par exemple, l’itinéraire d’un projet de loi avec ses huit étapes, dont les réunions interministérielles (RIM), où chaque ministère énonce ses vives inquiétudes, puis l’avis de multiples instances consultatives, où chaque lobby veut tout clarifier.
Enfin, le Parlement, qui, “comme Janus, il a deux visages : tout en contestant l’afflux de normes au nom de la protection de la cité civile qu’il est censé représenter, il accumule en réalité lois et normes “, il a écrit. Parce que les parlementaires ont « une vision normative et législative de l’action publique “Une nouvelle loi est également plus médiatisée que le dernier paragraphe du même article 24 de la Constitution (« Le Parlement évalue les politiques publiques »). Ce qui pourrait l’amener à réfléchir sur sa soif de législation.
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