Curieuse entrée dans l’arène parlementaire pour Michel Barnier. Un peu de baume sur la forme, une rigidité sur le fond. Sommé par les députés de la commission des finances de leur fournir divers documents qu’ils attendent depuis des mois, le nouveau premier ministre leur a adressé une lettre rassurante très tardivement, lundi 16 septembre. « Je souhaite, parmi mes priorités d’action et de méthode, établir une relation étroite de confiance avec les commissions financières des assemblées », il nous assure, soulignant qu’il a lui-même eu l’opportunité d’être membre et qu’il le sait donc “qualité”.
Il s’est néanmoins abstenu de leur transmettre les documents demandés. Et le lendemain, lorsque les deux chefs de la commission des finances Eric Coquerel (La France insoumise, LFI) et Charles de Courson (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires, LIOT) se sont présentés à Matignon pour consulter ces documents, ils ont essuyé le même refus. A leur sortie, les deux hommes, pourtant de camps opposés, ont également déclaré « en colère », « stupéfait » Et “inquiet” l’un que l’autre devant ce qu’ils considèrent comme un « dérive démocratique ».
Ce que réclament les députés n’est pas, a priori, vraiment confidentiel. Depuis plus de deux mois, ils devraient, selon la loi, avoir entre les mains le « tiré à part », c’est-à-dire un récapitulatif des crédits prévus pour chaque ministère en 2025. Ni Gabriel Attal ni Michel Barnier n’ont jusqu’ici souhaité le leur transmettre. Le nouveau Premier ministre leur en a simplement promis un. « version provisoire » Quant aux « lettres plafonds » envoyées par Gabriel Attal aux différents ministères le 20 août pour calibrer leurs dépenses, son successeur entend les garder pour lui.
Pouvoirs de contrôle de l’action gouvernementale
La loi semble pourtant claire. Elle donne au président et au rapporteur général des commissions des finances des pouvoirs étendus pour contrôler l’action du gouvernement. Ils peuvent procéder à « toutes investigations sur pièces et sur place », et « tous les renseignements et documents financiers et administratifs qu’ils demandent (…) doivent leur être fournis ».
Mardi, à Matignon, le directeur de cabinet de Michel Barnier et le secrétaire général du gouvernement ont pourtant rejeté toutes les demandes du duo Coquerel-Courson, présentant les documents souhaités comme “préparatoire”, donc sans valeur réelle. Un argument discutable : dans sa lettre aux députés, le Premier ministre lui-même indique que son projet de budget encore inachevé est construit « sur la base des plafonds fixés par le gouvernement précédent. »
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