CIl s’agit d’une décision économique aux conséquences politiques inévitables. La banque centrale américaine (Fed) a abaissé ses taux mercredi pour la première fois depuis 2020, frappant fort avec une baisse d’un demi-point, vue comme un “début”, lors de la dernière réunion de l’institution avant l’élection présidentielle américaine du 5 novembre.
Bien que la Fed soit indépendante du pouvoir politique, à un mois et demi du duel entre Kamala Harris et Donald Trump, sa décision, qui devrait à terme redonner du pouvoir d’achat aux ménages américains en abaissant le coût du crédit, pourrait donner un coup de pouce à l’actuel vice-président de Joe Biden et provoque quelques grincements de dents dans le camp adverse.
« Bonne nouvelle », a déclaré Harris.
Kamala Harris a salué cette décision comme une « bonne nouvelle pour les Américains » et Joe Biden l’a qualifiée de « moment important ». Mais pour Donald Trump, cette baisse drastique des taux montre soit « que l’économie est en très mauvaise posture », soit que les responsables de la Fed « jouent le jeu des politiciens ».
Le président de l’institution, Jerome Powell, a toutefois assuré lors de sa conférence de presse que les considérations politiques n’entraient pas dans ses décisions : “Nous nous demandons : quelle est la bonne chose à faire pour les personnes que nous servons ? Et c’est ce que nous faisons (…) Rien d’autre n’est discuté.”
Un objectif d’environ 3% en 2026
Avec cette baisse, les taux de la Fed se situent désormais dans une fourchette de 4,75 à 5,00 %. « Cette décision reflète notre confiance croissante dans le fait qu’avec un réétalonnage approprié de notre politique, la vigueur du marché du travail peut être maintenue », a déclaré Powell. D’autres baisses sont attendues, d’un demi-point supplémentaire en 2024, d’un point en 2025 et d’un autre demi-point l’année suivante, avec un objectif de 2,75 à 3 % d’ici fin 2026.
À LIRE AUSSI Compétitivité en Europe : le rapport Draghi divise les députésCar maintenant que l’inflation revient progressivement dans le droit chemin, la Fed veut empêcher que le chômage ne remonte à son tour en abaissant les taux. “Les risques” liés aux deux missions de la Fed, le plein emploi et la stabilité des prix, sont désormais “à peu près équilibrés”, souligne le comité de politique monétaire dans son communiqué.
L’inflation baisse, le chômage risque d’augmenter
Les responsables de la Fed se sont également montrés plus optimistes quant à l’évolution de l’inflation qu’en juin, lors de la dernière mise à jour de leurs prévisions économiques. Ils prévoient désormais qu’elle se terminera à 2,1 % en 2025, contre 2,3 % auparavant.
À LIRE AUSSI La BCE abaisse son principal taux d’intérêt de 0,25 point à 3,5%Mais ils sont plus pessimistes quant au chômage, qui devrait atteindre 4,4% cette année et l’année prochaine, contre 4,0% et 4,2% prévus précédemment. La croissance du produit intérieur brut (PIB) pour 2024 est attendue à 2,0%, contre 2,1% précédemment.