LLa réponse publique au coup d’État d’Emmanuel Macron s’est exprimée partout en France. Et maintenant ? Quand la prochaine manifestation organisée par les sièges des partis politiques de gauche sera-t-elle organisée ? Serons-nous encore nombreux à attendre les instructions de leurs dirigeants, à répondre aux appels de ces responsables empêtrés dans leurs luttes intestines, loin des préoccupations quotidiennes de chacun ? Combien de temps devrons-nous supporter que des candidats perpétuels à la présidentielle multiplient les déclarations sur le déni de démocratie d’un président en probation afin de masquer leur propre stratégie de pouvoir et leur mépris des pratiques démocratiques élémentaires au sein de leur propre mouvement ? De qui se moque-t-on ?
Pendant deux mois, nous avons attendu la nomination d’un Premier ministre, et espéré entendre des voix dénoncer la situation des victimes des catastrophes qui frappent la planète. En vain : en France, le silence est tombé sur la situation catastrophique de l’Éducation nationale et, plus généralement, sur l’état extrêmement grave des services publics. Pendant le temps béni des Jeux olympiques, des migrants ont perdu la vie dans des embarcations de fortune, des dictateurs ont mené leur guerre à leur manière, de Gaza à l’Ukraine, du Soudan au Venezuela, et l’extrême droite a poursuivi sa montée en Europe et ailleurs.
Alors qu’au mieux un silence gêné planait dans nos rangs sur les exactions du Hamas, des propos antisémites aggravaient la confusion grandissante entre un Israël sous la coupe d’un Benjamin Netanyahou que rien ne semble arrêter et tous les juifs, y compris ses plus farouches adversaires. Ainsi le fossé ne cessait de se creuser entre les partisans d’un camp et ceux de l’autre.
Pendant ce temps, les représentants du Nouveau Front Populaire, suivant une rhétorique populiste, cherchaient à assurer leurs électeurs de leur capacité à mettre en œuvre une grande partie du programme. Aucun d’entre eux n’a jugé bon de s’adresser aux populations pour décrire l’immense tâche qui nous attend si nous voulons transformer les rapports sociaux fondés depuis des décennies sur la loi du plus fort, tout en envisageant de construire une société plurielle.
Au nom du néolibéralisme
Dans le contexte de primauté de l’économie, dénoncée depuis longtemps par l’économiste hongrois Karl Polanyi (1886-1964), logiquement et malgré les atermoiements habituels, le président de la République a finalement nommé un Premier ministre de droite, répondant ainsi aux attentes de l’extrême droite. Depuis sa première élection, quels que soient les résultats des consultations populaires, Emmanuel Macron gouverne au nom du néolibéralisme, en héritier direct des locataires successifs du bien nommé Elysée. Cette décision n’a rien d’étonnant, sachant que la majorité des députés se situe à droite et à l’extrême droite de l’échiquier politique. Malgré l’extraordinaire résistance des électeurs et le coup d’arrêt infligé à la montée du Rassemblement national, la gauche, arrivée en tête, reste en réalité minoritaire.
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