“On aurait dû les avoir sans discussion, ça reste un fait grave.” Le président (LFI) de la commission des finances de l’Assemblée nationale, Éric Coquerel, ne pardonne pas à l’exécutif d’avoir tardé à communiquer le projet de budget pour 2025, malgré des demandes répétées ces derniers jours, et de s’appuyer sur son pouvoir de contrôle.
Le tableau transmis le 19 septembre par les services du Premier ministre aux deux commissions des finances permet aux parlementaires de « rentrer dans un certain nombre de détails importants », selon le député de Seine-Saint-Denis. C’est le document que les commissions des finances auraient dû recevoir le 15 juillet, en temps normal. « C’est l’équivalent d’un tiré à part intermédiaire, puisque le Premier ministre lui-même dit qu’il peut encore bouger », poursuit-il.
« A partir du moment où il nous envoie ce document, je considère donc que les lettres de plafond envoyées engagent ce nouveau gouvernement »
Le parlementaire interprète la transmission de ce document d’orientation comme une preuve que le contenu est assumé par le nouveau Premier ministre. « En réalité, le Premier ministre est tout à fait en phase, pour l’instant, avec le budget qui a été élaboré cet été, il n’y a pas de différence. On va supposer que ce document, puisqu’il nous l’envoie, a un peu son style propre (…) Pour l’instant, il n’y a pas de changement par rapport à ce qui a été concocté cet été. »
Selon Éric Coquerel, le budget de l’Etat va diminuer de « dix milliards d’euros », trois milliards en valeur, et sept du fait de la non-prise en compte de l’inflation (attendue à 2 %). « Désormais, ce ne sont plus des baisses hypothétiques mais des baisses réelles », conclut-il. « A partir du moment où il nous envoie ce document, je considère donc que les lettres de plafond, qui ont été envoyées, engagent ce nouveau gouvernement et que ce gouvernement fait du budget Attal son budget de départ. »
Le député constate que de nombreuses missions sont en baisse, comme le sport (-12,3%), le travail (-8,8%), l’agriculture (-7,8%) et l’éducation et la recherche (-3,2% en tenant compte de l’inflation). Il relève aussi que le tirage au sort “intermédiaire” ne “reflète” pas la note du Trésor communiquée fin août. Celle-ci recommandait un effort budgétaire de 30 milliards d’euros à consentir pour respecter la trajectoire promise à l’Union européenne.
La commission des finances a l’intention d’entendre le prochain ministre des Finances « peut-être la semaine prochaine » pour discuter du document.