Deux hommes accusés d’avoir violé Gisèle Pelicot ont pris la parole jeudi 19 septembre au tribunal judiciaire d’Avignon. Si ces deux hommes ont reconnu le viol, l’un d’eux, Jacques C., a nié certains faits. Devant la Cour, ce retraité de 72 ans et père de deux enfants a juré que, bien qu’il se soit rendu au domicile de Mazan lors d’une soirée de 2020, il n’y a pas eu de pénétration.
Pour la contredire, le tribunal a décidé, pour la première fois depuis le début du procès, de diffuser des vidéos et des photos du viol, prises par son mari et l’accusé.
Des images horrifiantes auxquelles la salle, haletante et silencieuse, a été confrontée pendant plusieurs minutes. Certains des accusés regardaient les écrans, d’autres non. Caroline Darian, la fille de Gisèle Pelicot, a quitté la salle.
Une fois la projection des images horribles terminée, les débats reprennent dans la salle. L’avocat de Jacques C., furieux, dénonce le sensationnalisme.
“Dominique Pelicot me demande de me déshabiller dans le salon”
Avant la diffusion des vidéos et des photos, Jacques C. avait donné sa version des faits. L’accusé avait expliqué avoir rencontré Dominique Pelicot sur le site Coco.fr un matin et s’être rendu au domicile de Mazan le soir même.
Dominique Pelicot aurait de son côté expliqué que sa femme avait pris des somnifères. Il aurait indiqué qu’elle dormait avant d’envoyer des SMS obscènes précisant qu’elle “était prête et s’était lavée”. Il aurait ensuite expliqué qu’il pensait à un “jeu” libertin.
“Je suis les instructions, je me gare à distance. J’arrive, Dominique Pelicot me demande de me déshabiller dans le salon. Je vais dans la chambre, elle est en sous-vêtements. Il m’encourage à la caresser en chuchotant”, a-t-il expliqué avant de raconter le viol, en fournissant des détails très crus.
“Elle ne montre aucune réaction et je me sens de plus en plus mal. (…) La dame montre alors des signes de réveil, il me demande de quitter la pièce”, a-t-il ajouté.
Jacques C. a ensuite expliqué qu’il avait quitté la maison et qu’il avait “pensé à le signaler en traversant le jardin”. “Et puis la vie continue, je retourne au travail le lendemain”, a-t-il précisé.
« Je me suis retrouvé dans un endroit où je n’avais rien à faire »
Le Président du Tribunal l’interroge alors sur des détails cliniques concernant cette pénétration qu’il conteste. Jacques C. maintient sa version des faits.
Interrogé sur sa personnalité, l’accusé a détaillé d’une voix grave une histoire de vie classique. Cet ancien pompier mais aussi chauffeur et restaurateur est resté marié pendant 25 ans et a eu deux enfants.
L’accusé, qui porte une chemise, une barbe blanche et des lunettes, a admis être un libertin mais a déclaré qu’il n’était pas « accro au sexe ».
« Je peux m’en passer pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois », a-t-il déclaré, n’hésitant pas à dire qu’il a « un profond respect pour les femmes ».
Des propos qui ont fait réagir Caroline Darian, qui a levé les yeux au ciel, et l’avocate de Gisèle Pelicot.
“Vous avez un profond respect pour les femmes, comment expliquez-vous que vous comparaissiez pour viol ?”, lui a demandé ce dernier. “Parce que je me suis retrouvé dans un endroit où je n’avais rien à faire”, a-t-il répondu avant de se tourner vers Gisèle Pelicot.
« Madame, quand j’ai appris ce qui s’était passé, j’étais dévasté. Je ne m’en remettrai jamais. Je vous demande donc pardon. J’espère que votre famille surmontera tout cela », a-t-il déclaré. Face à cela, Gisèle Pelicot a ostensiblement détourné le regard.
Article original publié sur BFMTV.com