Le Conseil national de sécurité et de défense ukrainien a annoncé vendredi qu’il interdisait l’utilisation de Telegram, un service de messagerie populaire fondé par le Russe Pavel Durov, sur les appareils électroniques officiels de la plupart de son personnel militaire et de ses responsables, soupçonnant que des services russes accédaient aux communications.
“Il a été décidé d’interdire l’installation et l’utilisation de Telegram sur les appareils officiels des fonctionnaires du gouvernement, du personnel militaire, des employés du secteur de la sécurité et de la défense, ainsi que des entreprises exploitant des infrastructures critiques”, a indiqué le Conseil dans un communiqué.
L’armée « l’utilise souvent pour discuter de questions professionnelles confidentielles », a déclaré à l’AFP un haut responsable de la sécurité ukrainienne, s’exprimant sous couvert d’anonymat.
« C’est une grande source de fuites d’informations car Telegram est très facilement piraté » par les Russes, a-t-il expliqué.
Les salariés amenés à utiliser Telegram dans le cadre de leurs fonctions, notamment pour diffuser des communiqués de presse officiels, ne sont toutefois pas concernés par cette règle, précise le Conseil, l’application étant un canal de communication majeur pour l’armée et les pouvoirs publics.
Le choix a été fait lors d’une réunion sur les “menaces à la sécurité nationale” posées par cette candidature, a ajouté l’institution, placée sous l’autorité de la présidence ukrainienne.
Le chef des renseignements militaires ukrainiens, Kyrylo Budanov, a présenté des « informations étayées » montrant que les services de renseignement russes « ont accès à la correspondance personnelle des utilisateurs de Telegram, même aux messages supprimés, ainsi qu’à leurs données personnelles », selon le Conseil.
Des représentants des services de sécurité ukrainiens ont assuré que Telegram était utilisé par Moscou pour des cyberattaques et pour géolocaliser les utilisateurs.
– Utilisé en Russie et en Ukraine –
Toutefois, l’interdiction ne s’applique qu’aux appareils officiels du personnel militaire et des fonctionnaires, et non à leurs outils privés.
Les personnes concernées « ne doivent pas utiliser Telegram sur leur ordinateur de travail », a expliqué plus tard le responsable du Conseil Andrii Kovalenko dans un message publié sur Telegram.
Le fondateur et PDG du service de messagerie en 2013, Pavel Durov, a été arrêté en août en France et accusé d’avoir publié du contenu illégal sur l’application.
Le milliardaire russe de 39 ans, qui détient plusieurs autres passeports dont un français, n’est actuellement pas autorisé à quitter la France.
M. Durov est un libertaire autoproclamé, défenseur de la confidentialité sur Internet, mais controversé pour son refus d’autoriser toute modération sur le service de messagerie. Moscou a tenté de le bloquer en 2018, avant d’abandonner.
L’application s’est officiellement engagée à ne jamais révéler d’informations sur ses utilisateurs. Elle est largement utilisée en Russie, en Ukraine et dans de nombreux autres pays pour les communications officielles et privées.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky y publie quotidiennement des messages, tout comme ses ministres et les différentes branches de son armée.
Du côté russe, il est utilisé par le ministère de la Défense, de hauts fonctionnaires et des blogueurs pro-guerre ainsi que par des représentants de l’opposition en exil.
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