“SSept ans après le début du mouvement #MeToo, où en sommes-nous aujourd’hui ? C’est l’une des questions, parmi tant d’autres, posées par la lettre publiée par Morgan N. Lucas ce samedi 21 septembre dans LibérerL’essayiste et thérapeute, formateur sur les questions de mixité et de sexualité, se propose de livrer une “feuille de route contre la domination masculine”. “L’affaire Pelicot nous a prouvé que la violence masculine n’est pas une affaire de monstres, c’est une affaire d’hommes, de Monsieur Tout-le-Monde”, explique-t-il, en évoquant le procès Mazan, “des 51 violeurs”, “le procès de la masculinité”.
Plus de 200 personnalités masculines ont signé cette lettre, qui prend ce procès comme point de départ : l’acteur Gilles Lellouche, l’humoriste Guillaume Meurice, l’écrivain Gaël Faye, le réalisateur Cyril Dion ou encore les chanteurs Pierre de Maere et Eddy de Pretto. « Dire “tous les hommes”, c’est parler de violences systémiques perpétrées par tous les hommes, car tous les hommes, sans exception, bénéficient d’un système qui domine les femmes », explique-t-il, appelant les hommes à faire « partie de la solution ».
Ce « tous les hommes » entre en résonance avec la résurgence du mot-clé #notallmen sur les réseaux sociaux. Avec cette expression, les internautes, majoritairement des hommes, entendent dénoncer toute généralisation, estimant qu’il s’agit avant tout d’un problème individuel et non systémique. Une idée que cette lettre entend donc déboulonner.À LIRE AUSSI Gisèle Pelicot : naissance d’une icôneDans cette feuille de route, Morgan N. Lucas esquisse dix points sur lesquels les hommes devraient se concentrer. Parmi eux, « arrêtons de considérer que le corps des femmes est un corps à disposition », « acceptons de nous remettre en question », « examinons nos nombreux privilèges pour les utiliser au service du bien commun », « arrêtons de perpétuer les boys’ clubs, protégeons nos homologues masculins » ou encore « écoutons vraiment les femmes lorsqu’elles nous parlent de leurs besoins et de leurs limites ».
« Un rôle qui devrait nous coûter cher »
« Faisons tout cela en silence, sans le crier sur tous les toits, sans attendre d’applaudissements ni de félicitations », appelle-t-il également. Ce n’est pas un livre sur le genre veut encourager les hommes à « agir, 365 jours par an. C’est un rôle qui devrait nous coûter, au minimum, un peu de notre confort personnel. »
À LIRE AUSSI « Il y a viol et viol » : au procès Mazan, une défense risquéeLe procès de Mazan est pourtant toujours en cours. Cette semaine a été marquée par plusieurs séquences insoutenables : la cour d’assises d’Avignon a diffusé pour la première fois les actes filmés par Dominique Pelicot. « Hier, ils m’ont humiliée, alors aujourd’hui, c’est moi qui vais les humilier », a déclaré Gisèle Pelicot à l’audience. Jacques C., l’homme de la vidéo, n’a pas reconnu le viol.
Face à ces séquences difficiles, le président du tribunal correctionnel de Vaucluse a imposé que les agressions subies par la victime soient examinées au cas par cas et en l’absence de la presse et du public. Les débats sont censés se tenir jusqu’en décembre.