Un adolescent de 17 ans a été roué de coups samedi après-midi à Mazamet. Une agression homophobe selon les premières conclusions de l’enquête et les témoignages de la victime et de sa mère choquée.
“Nous voulons dénoncer ce qui est fait aux homosexuels dans notre pays. Nous ne voulons pas que la peur soit de notre côté, nous n’allons pas nous laisser intimider.” C’est pourquoi Sandy a voulu témoigner de l’enfer qu’a vécu son fils Paul, 17 ans, violemment agressé ce samedi 21 septembre à Mazamet simplement parce qu’il a “le défaut d’être homosexuel”, s’insurge sa mère.
Paul, qui habite un petit village au sud du Tarn, a passé une partie de l’après-midi de samedi à Mazamet pour aller voir Emma
L’un de ses amis, un de ses amis. Et vers 16h30, alors que les deux jeunes gens traversaient un jardin public pour se diriger vers la gare où Paul devait prendre un train pour rentrer chez lui, ils ont été interpellés par une jeune fille, une vague connaissance d’Emma, qui leur a demandé s’ils étaient en couple. Paul a répondu que non, puisqu’il “aimait les garçons”. Une réponse qui a provoqué une réaction de haine de la jeune fille, qui a immédiatement appelé “des cousins”. Une dizaine d’individus, filles et garçons de 13 à 20 ans, sont arrivés et ont attaqué sans plus attendre Paul, qui a été tabassé. “Ils étaient tous sur lui”, a raconté Sandy. Son amie, qui a tenté de s’interposer, a également été tabassée.
L’attaque a duré une bonne minute qui a semblé interminable. Les deux victimes doivent leur salut à l’intervention d’un passant, “un homme d’une trentaine d’années” qui a mis en fuite les agresseurs. “J’aimerais retrouver cet homme”, confie la mère reconnaissante.
Des menaces même à l’hôpital
Paul et Emma trouvent alors refuge près de la gare pour se cacher, de peur que leurs agresseurs ne reviennent, et préviennent Sandy qui alertera la police. Une patrouille arrivera aussitôt et les prendra en charge pour les conduire au commissariat. Sur le chemin, Paul identifie trois filles qui font partie de celles qui l’ont tabassé. Elles sont arrêtées et placées en garde à vue, tout comme un autre de leurs complices également identifié un peu plus tard, un adolescent de 15 ans très défavorablement connu de la police et de la justice pour des faits de violences notamment.
Lorsque Sandy arrive au commissariat de Mazamet, elle trouve son fils et son amie en état de choc et le visage tuméfié. Mais le cauchemar n’est pas encore terminé. Elle les conduit aux urgences de l’hôpital de Castres où ils attendront cinq heures avant d’être examinés. Pendant ce temps, une femme, visiblement membre de la famille de certains des agresseurs, se glissera dans l’hôpital pour interroger Emma avant de passer un coup de fil pour « organiser un comité d’accueil » à l’extérieur. Le personnel hospitalier, alerté de la situation, mettra à l’abri les victimes et leurs familles et préviendra les policiers qui arriveront de sécuriser les lieux avant l’arrivée éventuelle des agresseurs.
L’indignation et la colère de la mère
Paul et Emma sont ensuite retournés au commissariat pour déposer plainte et tenter d’identifier le reste de leurs agresseurs à partir de photos. Quatre étaient toujours en garde à vue ce dimanche, trois filles et un garçon, tous mineurs. L’enquête, prise très au sérieux par la police de Mazamet, se poursuit.
« Je suis encore sous le choc », confie Paul 24 heures après son agression. Sa petite amie a également du mal à s’en remettre. « Je lui ai parlé au téléphone. Elle ne va pas bien et elle a pleuré plusieurs fois », poursuit le jeune homme qui souffre d’un traumatisme crânien, de douleurs au dos, à la mâchoire et de nombreux hématomes.
Le prénom a été changé