EEn matière de respect, les limites ont beaucoup bougé depuis la fin des années 1990, lorsque le jeune narrateur deAucun respectle nouveau roman d’Emmanuelle Lambert, qui a consacré des essais à Jean Giono et à Colette,a été engagé à l’Institut Mémoires de l’édition contemporaine (Imec) pour classer les archives d’Alain Robbe-Grillet (1922-2008). Très autobiographique, ce livre vivant rassemble une galerie de portraits irrésistibles du couple Robbe-Grillet et des membres dudit « Institut » : scènes désopilantes mais aussi bouleversantes lorsqu’il s’agit du « Chef », derrière lequel on reconnaît, si finement décrit, Olivier Corpet, fondateur de l’Imec, disparu trop tôt. Et dont le second, Joseph, devait veiller sur les amours en « Duègne espagnole ». On doit au même Joseph, tendrement esquissé, le titre, issu de son exclamation souriante : « Tout de même, les filles, aujourd’hui, vous n’avez aucun respect. »
« Les choses commençaient à mal tourner pour Robbe-Grillet sur certains campus américains », écrit le narrateur. En termes de respect – c’est un euphémisme – le pape du Nouveau Roman a franchi toutes les limites ; une partie de son œuvre, sur des jeunes filles livrées à l’imagination de ses fantasmes, serait inacceptable aujourd’hui. Et pourtant, Jalousie…
Cérémonies sadomasochistes
Le chef avait prévenu sa jeune recrue au seuil du château normand de Robbe-Grillet, où elle reviendrait très souvent : « C’est un pervers sexuel, un sadique. » Tout en la rassurant : “Pas mec (…) Lire la suite