VVigilance maximale. Alors que la situation reste tendue en Nouvelle-Calédonie quatre mois après le début des émeutes, les indépendantistes commémoreront, mardi 24 septembre, “le deuil du peuple kanak”, en référence à la date de la prise de contrôle de l’archipel par la France.
Le 24 septembre 1853, le contre-amiral Auguste Febvrier Despointes prend possession de la Nouvelle-Calédonie « au nom de la France » et sur ordre de l’empereur Napoléon III. Jusqu’aux années 1970, le 24 septembre est ainsi unanimement célébré comme la date du « rattachement de la Nouvelle-Calédonie à la France ». Mais en 1974, les indépendantistes commencent à commémorer « le deuil du peuple kanak ».
Depuis, le 24 septembre a cristallisé les attentes politiques du mouvement indépendantiste. En 1980, l’Union calédonienne (UC) avait dit espérer l’indépendance de l’archipel pour le 24 septembre 1982. Deux ans plus tard, le Front de libération nationale kanak socialiste (FLNKS) est né le 24 septembre 1984.
En 2003, un ensemble de poteaux sculptés, le « Mwa Kaa » (« case des hommes »), a été inauguré dans le centre-ville de Nouméa, la plus grande ville de l’archipel. C’est là que les militants indépendantistes se réunissent chaque année depuis.
6 000 agents des forces de l’ordre mobilisés
Pourtant, aucun mouvement indépendantiste n’a appelé à manifester à l’occasion de cet anniversaire cette année. Les grands chefs coutumiers, issus de l’association Inaat Ne Kanaky, seront les seuls à se réunir pour une « déclaration unilatérale de souveraineté sur les chefferies ». Selon le président de l’association, Hyppolite Sinewami Htamumu, il s’agit d’un « acte symbolique et solennel », qui « permettra au peuple autochtone kanak de se détacher du système colonial ».
En réponse, le gouvernement organise depuis 2004 un « festival de la citoyenneté » qui rassemble les cultures des différentes ethnies qui peuplent l’île.
Le 13 mai, la Nouvelle-Calédonie a été le théâtre d’émeutes suite au vote d’une réforme électorale, accusée par ses détracteurs de « diluer » l’électorat kanak. Treize personnes ont été tuées (dont deux gendarmes), et des centaines de personnes ont été blessées. Les dégâts matériels sont estimés à plus de 2 milliards d’euros.
Pour éviter « tout risque de débordement » le 24 septembre, les autorités françaises ont mis en place « un dispositif de sécurité sans précédent et le déploiement de 6 000 policiers, gendarmes et militaires », a indiqué Théophile de Lassus, le chef de cabinet du haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie. Soit sept fois plus que les effectifs disponibles le 13 mai, au début des émeutes. Des « colonnes de déploiement » doivent venir en appui des forces de l’ordre afin de détruire d’éventuels barrages routiers.
« Les espaces publics et les églises, touchés par des incendies criminels ces dernières semaines, feront l’objet d’une vigilance particulière », a expliqué le général Nicolas Matthéos, commandant de la gendarmerie de Nouvelle-Calédonie. Même chose à Saint-Louis, quartier majoritairement indépendantiste au sud de Nouméa, la capitale. Malgré tout, « rien ne permet aujourd’hui d’affirmer qu’un regain de violence aura lieu le 24 septembre », assure Théophile de Lassus.