Après un mois de mars plutôt satisfaisant en termes de précipitations, « l’amélioration » de nos réserves en eau se poursuit dans nos départements.
Par rapport à la situation de l’année dernière à pareille époque, c’est une évidence.
Mais ce constat est à nuancer, selon les bassins géographiques, les sols et l’impact plus ou moins durable des sécheresses récentes sur les stocks.
Rhône : mieux, mieux et encore mieux
Au printemps 2023, les nappes phréatiques étaient dans un état alarmant. Un an plus tard, les voilà en bien meilleure forme avec, d’un point de vue global, des niveaux proches de la moyenne, voire « moyennement élevés » à « élevés » au 26 avril (stations d’observation de Belleville et de Mions).
On note quelques tensions dans le corridor du Rhône, notamment dans l’est de Lyon (stations d’observation de Jonage, Chassieu et Genas).
Malgré des températures anormalement élevées ces derniers mois, des pluies satisfaisantes, pendant la période de pointe de recharge (septembre-mai), ont redonné des couleurs convenables aux réserves.
Même dans le corridor de la Saône, plus au nord, les nappes phréatiques dites intertiaires, c’est-à-dire celles à remplissage et évaporation lentes (elles se remplissent par infiltration), se portent relativement bien.
De quoi aborder plus sereinement la période estivale ? Oui et non.
Dans le corridor du Rhône, les aquifères sont plus réactifs et donc plus sujets à l’évaporation. De faibles précipitations combinées à des températures élevées pourraient donc rapidement les dégrader.
Plus que jamais, il va falloir surveiller le ciel et le thermomètre.
Vers une accentuation de la sécheresse et des restrictions
Des étés ultra chauds, des précipitations en moins ou en excès… Ce qui était autrefois exceptionnel ne le sera plus. N’en déplaise aux climato-sceptiques. Pire encore, les phénomènes extrêmes sont appelés à perdurer, voire à s’accélérer.
Dans ce jeu délicat, « l’eau est le premier marqueur du changement climatique », remarquait récemment le député Renaissance Yannick Haury. D’où l’importance de réfléchir à une meilleure utilisation.
Cela commence par intervenir sur les réseaux d’eau potable, où les fuites font perdre des milliers et des milliers de mètres cubes par an.
Elle se poursuit à travers les choix agricoles, industriels, urbanistiques… Et aussi à travers les actions des individus.
En moyenne, les Français consomment 148 litres d’eau par jour et par personne (selon l’Ademe). La lessive (39%), les toilettes (20%) et la lessive (12%) sont les trois postes de dépenses les plus importants.
Avec une approche plus sobre et l’installation de systèmes très simples, on peut déjà faire des économies. Avant qu’il ne soit trop tard, avant d’entrer dans une période de pénurie.
Jura : une nette amélioration, mais…
Même tendance dans le Jura, où les indicateurs sont au vert, avec des niveaux « moyennement élevés » à « élevés ».
La période de récupération a été très bénéfique. Oui, mais les nappes du Jura ne constituent pas de grands réservoirs. Et les plus importants dépendent du débit des rivières.
De ce fait, le risque de mise en place de restrictions cet été reste tout à fait possible. Aux habitants d’anticiper cette éventualité, dès maintenant, en adoptant un comportement raisonné et raisonnable dans l’usage de l’eau.
Ain : toujours des restrictions en Dombes et Certines
Les mois se suivent et se ressemblent tous dans le sud de l’Ain. Très fragilisées par les périodes de sécheresse estivale et hivernale de ces dernières années, les nappes phréatiques peinent à se reconstituer.
Même si les indicateurs étaient relativement bons le 26 avril, avec des niveaux « modérément élevés », les restrictions sont maintenues dans les secteurs les plus sensibles.
A commencer par celui de la Dombes, toujours en alerte renforcée, et celui de Certines, en alerte.
L’Ain est ainsi l’un des rares départements (avec l’Hérault et les Pyrénées-Orientales) à se trouver dans cette situation.
Haute-Loire : le remplissage continue
Les nappes de l’Altiligrien ont profité de cet hiver relativement humide pour atteindre, globalement, des niveaux « moyennement élevés » à « élevés ».
Une bonne surprise, quand on sait qu’à l’automne ils étaient historiquement bas. Et que les stocks du département n’ont pas été épargnés par les sécheresses des trois dernières années.
Loire : des barrages en bonne santé
Dans la Loire, les réserves naturelles d’eau sont rares. Pour se nourrir, le département doit donc s’appuyer sur ses barrages. Un avantage s’il y a des précipitations, car ces stocks sont très réactifs.
Un point faible si le mercure s’affole, car l’évaporation se produit encore plus rapidement.
Mais pour l’heure, la tendance est à l’optimisme : au 26 avril, le barrage de Villerest était rempli à 92 % et celui de Naussac à 82 %.