La décision est inédite. Le maire d’Échirolles, en Isère, a décidé par arrêté d’évacuer les habitants d’un immeuble pour tenter de lutter contre le trafic de drogue qui gangrène cette commune de la banlieue de Grenoble. L’immeuble, situé en centre-ville, est connu pour être l’un des principaux lieux de trafic de drogue d’Échirolles, certains trafiquants utilisant les parties communes, voire certains appartements, pour vivre ou stocker leur marchandise.
Selon un communiqué diffusé par la mairie de la ville, “la sécurité des résidents ne peut être garantie en raison du risque incendie et électrique” dans l’immeuble, ajoutant qu’ils “s’exposent à un ‘danger permanent de mort'”. Les habitants de Carrare, l’immeuble évacué, devront quitter les lieux d’ici vendredi, avant trois semaines de travaux de rénovation des lieux pour “les mettre en sécurité” et espérer ainsi éloigner les trafiquants.
“Le bâtiment sera sécurisé à partir de vendredi (…) pour empêcher quiconque d’y entrer”, a annoncé la maire d’Échirolles, Amandine Demore, sur BFMTV.
L’immeuble, vétuste, a été endommagé par les dealers. Notamment ses installations électriques. Sur les 80 appartements que compte l’immeuble, une trentaine seulement sont habités. Une situation de relogement d’urgence sera proposée aux habitants évacués. “Logiquement, c’est au propriétaire d’assurer le relogement. Mais nous les accompagnerons, personne ne sera à la rue”, promet la maire communiste d’Échirolles, Amandine Demore.
Un retrait des trafiquants ?
Si la situation est bien accueillie par la plupart des habitants, certains critiques dénoncent un abandon face aux trafiquants. « Je ne capitule pas face aux dealers », assène Amandine Demore sur notre chaîne, pointant « la situation d’échec dans laquelle se trouvent aujourd’hui les politiques sécuritaires » et notamment le manque d’effectifs policiers sur le territoire.
« Il faut donner des moyens. Sinon, quelle image dramatique donnons-nous à la population ? Cela veut dire que si on n’est pas capable d’assurer la sécurité dans un bâtiment, on évacue la population », souligne Yannick Biuancheri, secrétaire départemental de l’Alliance nationale de police de l’Isère.
“On ne parviendra pas à endiguer le trafic de drogue (…) on va essayer de réduire les dommages collatéraux : les nuisances en bas des immeubles, celles causées aux riverains et surtout les balles perdues. Mais ce n’est pas la solution. On ne peut pas laisser des quartiers aux mains des trafiquants”, ajoute-t-il.
« La guerre des gangs »
Depuis plusieurs mois, Amandine Demore demande au gouvernement des renforts policiers permanents. Aucune réponse. La ville d’Échirolles fait régulièrement la une des journaux, étant le théâtre de nombreux règlements de compte liés au trafic de drogue. La maire d’Échirolles n’hésite plus à parler d’une “guerre des gangs qui touche le territoire depuis quelques semaines”.
“Au niveau national, nous sommes en échec dans les politiques sécuritaires qui sont mises en œuvre aujourd’hui”, explique Amandine Demore, pointant dans l’agglomération grenobloise “un durcissement des points de revente de drogue (…) avec usage d’armes et un nombre impressionnant de blessés par balles”. “Il faut aujourd’hui donner plus de moyens à la police”, insiste l’élue.
Article original publié sur BFMTV.com