Agacé que le handicap soit encore perçu comme un facteur d’exclusion, le journaliste Salim Edjnaïni, aveugle de naissance, a tapé du poing sur la table. Pour lui, il n’est plus possible dans la société d’aujourd’hui qu’une personne aveugle se voie refuser un taxi ou un VTC à cause de son chien guide. Mais aussi qu’une personne handicapée est discriminée lors de son embauche par un employeur qui a peur de savoir “ce qu’il doit mettre en place ou pas” ou ce qu’elle pourra lui apporter ou non. L’homme de 32 ans a également expliqué qu’il en avait assez d’être accusé de tromperie sur son handicap. “par certains contrôleurs de transports” et regrette de ne pouvoir acheter sa résidence principale aujourd’hui “car les conditions de crédit sont compliquées quand on se retrouve en situation de handicap.”
Des situations de plus en plus difficiles à supporter. D’autant que l’absence d’un ministère dédié au handicap au sein du gouvernement Barnier a ravivé la situation, un « oubli » désormais corrigé. Selon les informations rapportées par France Inter, un ministre chargé des personnes handicapées devrait être nommé prochainement. Pourtant, cet échec politique a de quoi en agacer plus d’un, provoquant la colère et la déception de nombreuses associations. En effet, avec les Jeux Paralympiques, la question du handicap est revenue au centre des discussions, lui donnant un maximum de visibilité. C’est pourquoi cette absence, deux semaines après la fin de cet événement sportif, a suscité l’incompréhension. Un manque de considération que Salim Edjnaïni avait déjà déploré avant la nomination du nouveau gouvernement.
« Il n’est plus possible aujourd’hui d’applaudir les sportifs, les athlètes, les para-athlètes comme des surhumains, comme des surhommes et le reste du temps, d’admettre qu’ils sont des sous-humains ou des sous-personnes dans la Compagnie. Nous ne pouvons pas faire des personnes handicapées des sous-citoyens. »» a-t-il déploré au micro de Yahoo tout en rappelant la réalité de leur situation.
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“Nous avons des besoins particuliers”
« Nous sommes des personnes à part entière qui ont des besoins particuliers, qui ont des particularités. Alors oui, il y a des situations dans lesquelles on ne peut pas faire exactement comme les autres mais pour autant, on peut être des forces motrices, des forces de propositions, des forces d’action dans les collectivités ». C’est pourquoi le journaliste a appelé à ce que son message soit largement diffusé pour faire bouger les lignes, une situation de plus en plus urgente pour 12 millions de personnes. « Cela ne changera pas tout seul. Nous devons être acteur de ce changement. L’autorité ne doit plus être une opportunité d’écraser les personnes handicapées, chacun doit avoir la chance de faire sa place dans la société.
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Un coup de gueule récemment partagé par l’Association pour la prise en compte du handicap dans les politiques publiques et privées. « Les dossiers sont nombreux et les défis à relever sont colossaux dans une société arriérée qui doit faire plus et plus vite, comme le disait le Président de la République il y a quelques jours. » a écrit le collectif via un communiqué, appelant Emmanuel Macron à « intervenir pour corriger cet affront et faire de la politique du handicap la grande cause gouvernementale ».