Lhomme du 21e siècle est confronté à un paradoxe technologique. D’une part, les réseaux sociaux ont profondément modifié nos habitudes, nous habituant à des formats courts, vivants et hyperstimulants. D’un autre côté, l’essor de l’intelligence artificielle (IA) générative menace de remplacer les humains dans des tâches modérément structurées. Coincé entre ces deux forces, l’individu moderne risque de se déshabituer du long terme et de la construction de raisonnements élaborés.
Les neurosciences ont clairement mis en évidence les effets néfastes des formats courts sur nos capacités cognitives. Plusieurs études montrent qu’une utilisation intensive des réseaux sociaux réduit notre concentration, notre mémoire et notre capacité à réfléchir profondément et donc nos performances dans des tâches nécessitant concentration et mémoire de travail.
Cette tendance s’explique notamment par la conception même des réseaux sociaux, destinés à capter l’attention de l’utilisateur de manière continue et compulsive. Les algorithmes de recommandation poussent en effet les internautes à continuer de lire des contenus courts et stimulants, sans leur laisser le temps de se concentrer sur une tâche complexe.
Dans le même temps, l’essor de l’IA générative, capable de produire des textes, des images ou des programmes de manière autonome, risque de vider de nombreuses ressources. des boulots à la conces métiers d’administration, de gestion ou de communication dont la valeur ajoutée est souvent remise en question. Désormais, ces tâches peuvent être réalisées avec plus d’efficacité et de rapidité par les chatbots et autres outils d’IA, au détriment des travailleurs.
Polarisation sociale
Selon McKinsey, près de 30 % des heures de travail dans les entreprises pourraient être automatisées d’ici 2030 grâce à l’IA. Certaines professions seront particulièrement touchées, comme les adjoints administratifs, les rédacteurs techniques ou les agents du service client. Seules les missions les plus complexes, nécessitant des compétences humaines pointues, resteront hors de portée des machines.
Cette double dynamique technologique – la désintégration attentionnelle induite par les réseaux sociaux et la substitution des tâches par l’IA – pourrait bien accélérer les phénomènes de polarisation sociale et professionnelle de nos sociétés. D’une part, on assistera à l’érosion des emplois moyens, remplacés par des machines plus performantes. En revanche, les profils les plus qualifiés, capables de tâches créatives et intellectuelles complexes, verront leur valeur renforcée.
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