LLes mots qui disparaissent. Les mots qui s’envolent. Ils sont absents devant le fracas des bombes et les nuages de cendres qui montent vers le ciel. Un ciel d’un bleu suspect avec, en arrière-plan, des fragments d’objets non identifiés. Il y a les mots blancs, ceux qui annoncent la mort, puis ceux qui prennent des couleurs pour exprimer l’impuissance des braves qui regardent vers le ciel, incapables de rien dire. Ils se regardent, récupèrent leurs affaires et partent vers l’inconnu.
La bêtise de cette population qui, une fois de plus, doit payer pour des crimes qu’elle n’a pas commis. Les souvenirs affluent, comme des soldats mis en réserve. Les souvenirs ne sont plus ennuyeux. Ils viennent au secours du temps et de ses tragédies. Les années ont passé et les bombes ont gagné en efficacité. Ils tuent, avec désinvolture. Cela se passe dans un café, au marché ou dans le bus.
Sommes-nous à Gaza ? Non, au sud du Liban
Les gens meurent sans savoir pourquoi. Dommages collatéraux. Le mauvais moment. Le mauvais endroit. Et puis cette frontière au sud, bombardée à volonté le 14 mars 1978, le 6 juin 1982, en avril 1996, opération Raisins de la Colère, décidée par Shimon Perez, puis en 2006… Les mots tombent en même temps que les hommes. Ils tombent avec fracas là où les corps des enfants font moins de bruit. Nous les récupérons ou ce qu’il en reste. Désespéré de devoir rassembler des membres petits et dispersés. Le sang n’est même plus là. Les mots ont (…) Lire la suite