Le titre du site qu’elle a créé, Onemeansnone.eu (« One Means None ») est un peu caricatural mais résume bien sa pensée : l’European Cockpit Association (ECA), qui regroupe 40 000 pilotes de ligne de 33 pays, est en guerre. avec des constructeurs et des entreprises qui militent pour l’introduction de vols avec un seul pilote à bord des avions.
Un projet en ce sens est actuellement examiné par l’Agence de la sécurité aérienne de l’Union européenne. Le Néerlandais Otjan de Bruijn, capitaine et président de l’ECA, craint que l’organisation soit trop proche d’Airbus et de Dassault pour s’opposer à une initiative qui représente selon lui « un pari sur la sécurité des passagers » et ne permettrait pas de faire face à des situations d’urgence.
Après une campagne d’affichage à l’aéroport international de Bruxelles-Zaventem en juillet, l’association a poursuivi une campagne d’information auprès des institutions européennes, de la Commission et du Parlement. Elle devait se terminer dimanche 29 septembre. Pour les représentants des pilotes, il s’agit de maintenir absolument l’obligation de toujours avoir deux pilotes à bord, conformément aux normes mondiales en vigueur, applicables à tous les vols commerciaux. L’action des navigants européens est notamment soutenue par l’Air Line Pilots Association aux Etats-Unis.
Perspective d’économie de personnel et de ressources
La proposition dite « d’opération en équipage minimum étendu » vise à retirer l’un des deux pilotes du cockpit pendant la phase de croisière. Selon ses défenseurs, dont Airbus, cela garantirait un meilleur équilibre entre travail et repos pour l’équipage. Les constructeurs estiment que leur technologie est suffisamment avancée pour assurer la sécurité des vols avec un seul opérateur aux commandes pour la majeure partie du trajet. Et les entreprises voient évidemment dans ce projet la perspective d’économiser du personnel et des ressources.
Jusqu’à il y a quelques années, souligne l’ECA, les vols long-courriers comprenaient, outre un commandant de bord et un copilote, un navigateur, un opérateur radio et un mécanicien navigant. Le projet contesté par l’association vise à maintenir deux pilotes uniquement pour les phases d’atterrissage et de décollage. Un autre projet, « Single Pilot Operation », qui devrait être examiné dans les années à venir, vise à assurer des vols avec un seul pilote à bord, son adjoint, basé au sol, surveillant simultanément plusieurs avions.
« Un appareil comprend au moins deux moteurs, deux générateurs, deux systèmes hydrauliques, deux récepteurs de navigation. Il lui faut également deux pilotes. » assure M. de Bruyn.