« Maman, est-ce que les petits poissons qui vont sous l’eau ont des pattes ? » MĂȘme grossiĂšrement dĂ©formĂ©e, la comptine appelle une rĂ©ponse aussi nĂ©gative que sans Ă©quivoque. Cependant, le grand bĂȘta nâest pas toujours celui que lâon pense. Deux Ă©quipes amĂ©ricaines viennent de rĂ©vĂ©ler les dĂ©tails et les origines physiologiques et molĂ©culaires d’une incongruitĂ© de la nature : les six « pattes » de TriglidĂ©s, mieux connu sous leur nom commun grondins. Ils publient dans le mĂȘme numĂ©ro de la revue Biologie actuelledĂšs le 26 septembre, deux articles aussi riches que surprenants.
En fait, Nicholas Bellono de l’UniversitĂ© Harvard et son collĂšgue David Kingsley de Stanford n’avaient pas l’intention d’Ă©tudier cette famille de poissons. Le premier est venu collecter des calamars de lâaquarium de Woods Hole dans le Massachusetts pour ses expĂ©riences tactiles. Le second Ă©tait lĂ lors dâune simple visite. Mais, Ă ses invitĂ©s, le directeur de l’aquarium, Scott Bennett, aime montrer ses rĂ©sidents les plus Ă©tranges. “Il nous a dit qu’ils sont si douĂ©s pour dĂ©tecter et dĂ©couvrir les proies enfouies dans les fonds marins que d’autres poissons les suivent”se souvient Nicolas Bellono. IntriguĂ©, le chercheur repart avec quelques spĂ©cimens afin de tester leurs capacitĂ©s.
Au laboratoire de Harvard, Prionotus carolinus, le merle du nord, fait des merveilles. Il marche et dĂ©terre de petites proies enfouies par les chercheurs. Mais il dĂ©tecte aussi des extraits de moules ou encore de simples molĂ©cules dans des capsules placĂ©es sous le sable. LâĂ©quipe lance alors des expĂ©riences pour tenter de comprendre les bases cellulaires et molĂ©culaires de cette particularitĂ©. Sans succĂšs. Bellono persiste, commande du nouveau poisson. Cette fois, les nouveaux venus ne creusent mĂȘme plus. “Nous pensions avoir fait quelque chose de mal, en fait c’Ă©tait un autre type de grondin”dit-il.
Deux nageoires pectorales
D’un accident, ils en font une aubaine. L’Ă©quipe peut dĂ©sormais comparer. Elle dĂ©couvre que mĂȘme si les deux espĂšces ont les mĂȘmes pattes, elles n’ont pas les mĂȘmes pieds. Certaines sont couvertes de papilles sensibles, dâautres en sont dĂ©pourvues. En tirant sur le fil, les limiers de Harvard rĂ©vĂšlent les neurones du toucher et les cellules Ă©pithĂ©liales du « goĂ»t ». Autrement dit, la perception chimique mise en jeu par P. carolinus qui est absent de son cousin non fouisseur, P. evolans. Une Ă©tude comparative de diffĂ©rentes espĂšces de grondins Ă travers le monde Ă©tablit que seules quelques espĂšces rares creusent et que la perception chimique associĂ©e n’est qu’un dĂ©veloppement rĂ©cent.
Il vous reste 36,16% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.
« Maman, est-ce que les petits poissons qui vont sous l’eau ont des pattes ? » MĂȘme grossiĂšrement dĂ©formĂ©e, la comptine appelle une rĂ©ponse aussi nĂ©gative que sans Ă©quivoque. Cependant, le grand bĂȘta nâest pas toujours celui que lâon pense. Deux Ă©quipes amĂ©ricaines viennent de rĂ©vĂ©ler les dĂ©tails et les origines physiologiques et molĂ©culaires d’une incongruitĂ© de la nature : les six « pattes » de TriglidĂ©s, mieux connu sous leur nom commun grondins. Ils publient dans le mĂȘme numĂ©ro de la revue Biologie actuelledĂšs le 26 septembre, deux articles aussi riches que surprenants.
En fait, Nicholas Bellono de l’UniversitĂ© Harvard et son collĂšgue David Kingsley de Stanford n’avaient pas l’intention d’Ă©tudier cette famille de poissons. Le premier est venu collecter des calamars de lâaquarium de Woods Hole dans le Massachusetts pour ses expĂ©riences tactiles. Le second Ă©tait lĂ lors dâune simple visite. Mais, Ă ses invitĂ©s, le directeur de l’aquarium, Scott Bennett, aime montrer ses rĂ©sidents les plus Ă©tranges. “Il nous a dit qu’ils sont si douĂ©s pour dĂ©tecter et dĂ©couvrir les proies enfouies dans les fonds marins que d’autres poissons les suivent”se souvient Nicolas Bellono. IntriguĂ©, le chercheur repart avec quelques spĂ©cimens afin de tester leurs capacitĂ©s.
Au laboratoire de Harvard, Prionotus carolinus, le merle du nord, fait des merveilles. Il marche et dĂ©terre de petites proies enfouies par les chercheurs. Mais il dĂ©tecte aussi des extraits de moules ou encore de simples molĂ©cules dans des capsules placĂ©es sous le sable. LâĂ©quipe lance alors des expĂ©riences pour tenter de comprendre les bases cellulaires et molĂ©culaires de cette particularitĂ©. Sans succĂšs. Bellono persiste, commande du nouveau poisson. Cette fois, les nouveaux venus ne creusent mĂȘme plus. “Nous pensions avoir fait quelque chose de mal, en fait c’Ă©tait un autre type de grondin”dit-il.
Deux nageoires pectorales
D’un accident, ils en font une aubaine. L’Ă©quipe peut dĂ©sormais comparer. Elle dĂ©couvre que mĂȘme si les deux espĂšces ont les mĂȘmes pattes, elles n’ont pas les mĂȘmes pieds. Certaines sont couvertes de papilles sensibles, dâautres en sont dĂ©pourvues. En tirant sur le fil, les limiers de Harvard rĂ©vĂšlent les neurones du toucher et les cellules Ă©pithĂ©liales du « goĂ»t ». Autrement dit, la perception chimique mise en jeu par P. carolinus qui est absent de son cousin non fouisseur, P. evolans. Une Ă©tude comparative de diffĂ©rentes espĂšces de grondins Ă travers le monde Ă©tablit que seules quelques espĂšces rares creusent et que la perception chimique associĂ©e n’est qu’un dĂ©veloppement rĂ©cent.
Il vous reste 36,16% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.