Déjà touchées par une crise qui dure depuis plusieurs années, les finances du pays du Cèdre sont au bord de l’effondrement. L’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a enterré tout espoir de rebond.
Dans la banlieue sud de Beyrouth, l’usine Gandour est en feu. Fondée en 1857 par un pâtissier de Beyrouth, la biscuiterie historique a été touchée par des missiles israéliens dans la nuit du vendredi 27 au samedi 28 septembre. Sur plusieurs vidéos relayées sur les réseaux sociaux, on voit des entrepôts partir en fumée. Comme un symbole, Gandour, l’une des dernières sagas industrielles du pays, entreprise qui a résisté aux crises et aux guerres pendant près de deux siècles, est à son tour touchée par le conflit entre le Hezbollah et Israël.
Derrière cette entreprise, c’est toute l’économie libanaise qui s’enfonce un peu plus dans une crise sans fin. Jeudi 26 septembre, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) a alerté sur les effets de la guerre au Moyen-Orient sur un pays aux indicateurs déjà moribonds. « Toute escalade pèsera certainement sur la croissance »» a prédit à l’AFP Beata Javorcik, économiste en chef de la BERD. Depuis 2018, le Liban a déjà vu son PIB baisser de plus de 40 %.
Toutefois, avant le début du conflit, plusieurs signes témoignaient d’une lente reprise de l’économie. “Certains indicateurs (PMI, importations) semblent en effet suggérer une légère amélioration de l’activité depuis l’été 2022.commentait la Direction générale du Trésor français au début de l’été. L’année 2023 semble suivre la même tendance, portée par des envois de fonds importants et un afflux de visiteurs de la diaspora.
Les recettes touristiques estimées par la Banque du Liban ont notamment augmenté de 1,7% l’an dernier pour atteindre 5,41 milliards de dollars (4,84 milliards d’euros). Cette manne représente à elle seule près d’un tiers du PIB libanais. Mais l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a enterré tout espoir de rebond. “Le conflit à Gaza a depuis effacé tous les gains de croissance. conclut la Direction générale du Trésor. Le FMI et la Banque mondiale estiment une contraction du PIB entre -0,4 et -0,9% pour 2023 (contre +0,2% avant le conflit).
Immobilité politique et fuite des cerveaux
La situation est d’autant plus alarmante que l’économie libanaise souffre d’une immobilité politique depuis plusieurs années. « La majorité de la classe dirigeante est convaincue que le modèle libanais a démontré sa résilience et saura tenir jusqu’à l’apparition de nouvelles rentes, qui n’apparaissent cependant ni durables ni réalistes »analyse le Trésor français dans une note publiée le 12 septembre 2024.
Cette paralysie pèse aussi sur l’aide qui pourrait venir de l’extérieur. En 2022, un accord entre Beyrouth et le FMI a été signé pour un plan d’aide de 3 milliards de dollars, à condition que de lourdes réformes soient menées pour remettre l’économie à flot. Deux ans plus tard, aucune aide n’a été versée par l’institution.
Produits de base trop chers
Dans la société, les effets de cette crise sont importants. En cinq ans, la livre libanaise a perdu plus de 98 % de sa valeur face au dollar. En conséquence, une inflation record a rendu les produits de base inabordables pour une partie de la population. Pour tenter d’enrayer le phénomène (et dissuader les profiteurs de guerre), le ministre libanais de l’Économie a lancé une application mobile pour dénoncer les hausses de prix excessives. En vain.
Dans ce pays coincé entre Israël et la Syrie, la Banque mondiale estime le taux de pauvreté absolue (part de la population vivant avec moins de 1,90 dollar par jour) à 50 %. En 2023, le taux de chômage atteindra 30 %. Chez les jeunes, il dépasse même les 48 %. Sans emploi et sans perspectives, les nouvelles générations choisissent de partir.
Selon le cabinet de statistiques Information International, le pays du Cèdre a vu partir 175 500 de ses citoyens en 2023, soit près de 200 % de plus que l’année précédente. « Pour les étudiants et les jeunes travailleurs, c’est devenu plus qu’une obsession, c’est désormais une question de survie »écrit en 2022 dans Le Figaro Samir Ayoub, professeur franco-libanais de sciences de gestion et directeur du campus Aix en Provence de l’ESSCA Ecole de Management. Cette fuite des cerveaux ternit encore davantage l’avenir du Liban. Sans la main d’œuvre nécessaire pour reconstruire une économie ravagée et menacée par une guerre totale, l’avenir du pays semble plus sombre que jamais.
Déjà touchées par une crise qui dure depuis plusieurs années, les finances du pays du Cèdre sont au bord de l’effondrement. L’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a enterré tout espoir de rebond.
Dans la banlieue sud de Beyrouth, l’usine Gandour est en feu. Fondée en 1857 par un pâtissier de Beyrouth, la biscuiterie historique a été touchée par des missiles israéliens dans la nuit du vendredi 27 au samedi 28 septembre. Sur plusieurs vidéos relayées sur les réseaux sociaux, on voit des entrepôts partir en fumée. Comme un symbole, Gandour, l’une des dernières sagas industrielles du pays, entreprise qui a résisté aux crises et aux guerres pendant près de deux siècles, est à son tour touchée par le conflit entre le Hezbollah et Israël.
Derrière cette entreprise, c’est toute l’économie libanaise qui s’enfonce un peu plus dans une crise sans fin. Jeudi 26 septembre, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) a alerté sur les effets de la guerre au Moyen-Orient sur un pays aux indicateurs déjà moribonds. « Toute escalade pèsera certainement sur la croissance »» a prédit à l’AFP Beata Javorcik, économiste en chef de la BERD. Depuis 2018, le Liban a déjà vu son PIB baisser de plus de 40 %.
Toutefois, avant le début du conflit, plusieurs signes témoignaient d’une lente reprise de l’économie. “Certains indicateurs (PMI, importations) semblent en effet suggérer une légère amélioration de l’activité depuis l’été 2022.commentait la Direction générale du Trésor français au début de l’été. L’année 2023 semble suivre la même tendance, portée par des envois de fonds importants et un afflux de visiteurs de la diaspora.
Les recettes touristiques estimées par la Banque du Liban ont notamment augmenté de 1,7% l’an dernier pour atteindre 5,41 milliards de dollars (4,84 milliards d’euros). Cette manne représente à elle seule près d’un tiers du PIB libanais. Mais l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a enterré tout espoir de rebond. “Le conflit à Gaza a depuis effacé tous les gains de croissance. conclut la Direction générale du Trésor. Le FMI et la Banque mondiale estiment une contraction du PIB entre -0,4 et -0,9% pour 2023 (contre +0,2% avant le conflit).
Immobilité politique et fuite des cerveaux
La situation est d’autant plus alarmante que l’économie libanaise souffre d’une immobilité politique depuis plusieurs années. « La majorité de la classe dirigeante est convaincue que le modèle libanais a démontré sa résilience et saura tenir jusqu’à l’apparition de nouvelles rentes, qui n’apparaissent cependant ni durables ni réalistes »analyse le Trésor français dans une note publiée le 12 septembre 2024.
Cette paralysie pèse aussi sur l’aide qui pourrait venir de l’extérieur. En 2022, un accord entre Beyrouth et le FMI a été signé pour un plan d’aide de 3 milliards de dollars, à condition que de lourdes réformes soient menées pour remettre l’économie à flot. Deux ans plus tard, aucune aide n’a été versée par l’institution.
Produits de base trop chers
Dans la société, les effets de cette crise sont importants. En cinq ans, la livre libanaise a perdu plus de 98 % de sa valeur face au dollar. En conséquence, une inflation record a rendu les produits de base inabordables pour une partie de la population. Pour tenter d’enrayer le phénomène (et dissuader les profiteurs de guerre), le ministre libanais de l’Économie a lancé une application mobile pour dénoncer les hausses de prix excessives. En vain.
Dans ce pays coincé entre Israël et la Syrie, la Banque mondiale estime le taux de pauvreté absolue (part de la population vivant avec moins de 1,90 dollar par jour) à 50 %. En 2023, le taux de chômage atteindra 30 %. Chez les jeunes, il dépasse même les 48 %. Sans emploi et sans perspectives, les nouvelles générations choisissent de partir.
Selon le cabinet de statistiques Information International, le pays du Cèdre a vu partir 175 500 de ses citoyens en 2023, soit près de 200 % de plus que l’année précédente. « Pour les étudiants et les jeunes travailleurs, c’est devenu plus qu’une obsession, c’est désormais une question de survie »écrit en 2022 dans Le Figaro Samir Ayoub, professeur franco-libanais de sciences de gestion et directeur du campus Aix en Provence de l’ESSCA Ecole de Management. Cette fuite des cerveaux ternit encore davantage l’avenir du Liban. Sans la main d’œuvre nécessaire pour reconstruire une économie ravagée et menacée par une guerre totale, l’avenir du pays semble plus sombre que jamais.