En 2003, 5.731 personnes sont mortes sur les routes, ce chiffre est tombé à 3.167 en 2023. Même si c’est encore trop, « d’énormes progrès ont été réalisés en matière de sécurité routière tandis que le trafic a augmenté », a souligné ce lundi Florence Guillaume, la délégué interministériel à la sécurité routière lors de la présentation du baromètre de prévention Axa
qui revient sur 20 ans de comportement français sur la route.
Les Français sensibilisés aux grands risques
Point positif : durant ces deux décennies, les Français ont été sensibilisés aux plus grands risques routiers. « Les comportements totalement irresponsables sont rejetés par les Français », estime Florence Guillaume. Concernant la vitesse, plusieurs mesures ont porté leurs fruits : le premier radar automatique installé en 2003, l’entrée en vigueur du permis 12 points en 2004, la naissance du radar aux feux rouges en 2009, les multiples campagnes de prévention, etc.
Résultats : depuis 20 ans, les excès de vitesse sont en net recul. « Aujourd’hui, 8 % des automobilistes avouent rouler à 160-170 km/h sur autoroute contre 29 % en 2004 », constate Éric Lemaire, président d’AXA Prévention. Et en ville, les automobilistes qui roulent à 65 km/h au lieu de 50 sont presque deux fois moins nombreux qu’il y a 20 ans (27 % contre 51 % en 2004).
Les niveaux élevés d’alcool au volant ont également diminué. En 2004, 14 % des Français reconnaissaient conduire après avoir consommé plus de 4 ou 5 verres d’alcool et 20 ans plus tard, ce chiffre tombait à 7 %.
Un mauvais comportement qui persiste
Il n’en reste pas moins que certains comportements répréhensibles persistent encore sur les routes. « Les Français considèrent certaines règles comme moins importantes », observe Florence Guillaume. Notamment le non-respect du feu orange : 66 % des conducteurs avouent encore utiliser le feu orange aujourd’hui, contre 71 % en 2004.
En ville, dans les zones limitées à 30 km/heure, on pousse encore trop fort, puisque 69 % des automobilistes continuent de rouler à 40-50 km/heure, soit la même proportion qu’en 2017. « C’est très grave car à 30 km/heure /h, il faut 14 mètres pour s’arrêter alors qu’à 50 km/h, il en faut le double », rappelle Eric Lemaire.
De plus en plus de téléphones au volant
Et certains comportements à risque s’aggravent, comme conduire plus de 4 heures sans interruption (34%), contre 23% en 2004. Autre sujet de préoccupation majeur : l’usage du téléphone au volant reconnu par 80% des Français (+34% par rapport à 2016) et même de 97% des conducteurs de véhicules de société. Or, « l’utilisation du smartphone est impliquée dans un accident corporel sur dix. Cependant, seuls 15 % des automobilistes considèrent son utilisation au volant comme « intolérable ». La prise de conscience n’est pas facile, il y a un blocage terrible», prévient Eric Lemaire. « Téléphoner multiplie par trois le risque d’accident et écrire un SMS par 23 », ajoute Florence Guillaume.
Au vu de ces éléments, difficile de savoir si l’objectif de passer sous le seuil des 3 000 décès par an fixé par plusieurs gouvernements successifs est réalisable. Mais Florence Guillaume garde espoir : « Je ne crois pas à un étage inaccessible. Mais il est plus difficile aujourd’hui d’agir avec force. Nous sommes davantage soucieux de la bonne application des mesures déjà décidées», reconnaît-elle.
Enquête Kantar pour Axa Prévention réalisée en ligne du 11 au 29 janvier 2024 auprès d’un échantillon représentatif de 2 475 personnes, âgées de 18 à 75 ans.