L’ancien Premier ministre nĂ©erlandais Mark Rutte prend mardi la tĂȘte de l’Otan, au moment oĂč cette alliance de 32 pays occidentaux est dans l’incertitude la plus totale, Ă un mois de l’Ă©lection prĂ©sidentielle amĂ©ricaine.
Il succĂ©dera vers 10h00 (08h00 GMT) au NorvĂ©gien Jens Stoltenberg, restĂ© dix ans Ă la tĂȘte de l’Alliance atlantique. Cette passation de pouvoir aura lieu au siĂšge de l’Otan Ă Bruxelles, dans le cadre d’une rĂ©union du Conseil atlantique, l’organe politique de l’Otan qui rĂ©unit les ambassadeurs des pays membres.
Jens Stoltenberg, 65 ans, ouvrira la réunion et Mark Rutte, 57 ans, la conclura.
“Il y aura peut-ĂȘtre des nuances, des changements d’accent sur telle ou telle chose, mais il y aura aussi beaucoup de continuitĂ©”, assure un diplomate de l’Otan, en Ă©voquant cette transition.
Les deux hommes se connaissent bien. En tant que Premier ministre nĂ©erlandais, Mark Rutte reprĂ©sente son pays aux sommets de l’OTAN depuis 14 ans. Il a Ă©galement rencontrĂ© l’ancien Premier ministre norvĂ©gien avant que ce dernier ne prenne ses fonctions Ă l’OTAN.
“Il a les qualitĂ©s, l’expĂ©rience pour vraiment faire son travail de maniĂšre excellente”, a dĂ©clarĂ© de lui M. Stoltenberg lors de sa derniĂšre confĂ©rence publique Ă Bruxelles le 19 septembre.
Ils ne seront pas de trop pour les dĂ©fis qui attendent le futur secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de lâOTAN.
La guerre fait toujours rage en Ukraine, aux portes de lâAlliance atlantique, deux ans et demi aprĂšs lâinvasion de ce pays par lâarmĂ©e russe.
– Un soutien indispensable –
Mark Rutte devra donc veiller lors de son tout premier grand rendez-vous â une rĂ©union des ministres de la dĂ©fense de l’Otan les 17 et 18 octobre â Ă maintenir au plus haut niveau l’indispensable soutien militaire occidental. LâUkraine est en guerre, alors que la pression monte pour mettre fin Ă cette guerre et ouvrir des nĂ©gociations.
Les Ătats-Unis, puissance militaire de loin la plus importante au sein de lâOTAN, jouent ici un rĂŽle essentiel. Pourtant, lâAmĂ©rique est en pleine campagne Ă©lectorale et des deux cĂŽtĂ©s de lâAtlantique, nous attendons avec impatience de savoir si la candidate dĂ©mocrate Kamala Harris ou lâancien prĂ©sident rĂ©publicain Donald Trump entrera Ă la Maison Blanche.
Une possible victoire du milliardaire amĂ©ricain le 5 novembre hante les couloirs du siĂšge de l’Otan Ă Bruxelles, oĂč rĂ©sonnent encore les menaces d’un retrait amĂ©ricain lancĂ©es par l’ancien prĂ©sident des Etats-Unis.
Le NĂ©erlandais a rencontrĂ© Ă plusieurs reprises Donald Trump, auquel il a pu tenir tĂȘte, lors d’un meeting en 2018 Ă Washington. Il a Ă©galement su gagner leur confiance en reconnaissant qu’il avait raison de souligner combien un meilleur partage des charges Ă©tait nĂ©cessaire au sein de l’OTAN entre AmĂ©ricains et EuropĂ©ens.
Mark Rutte, qui a toujours dĂ©fendu la frugalitĂ© budgĂ©taire, est trĂšs attendu sur ce sujet, y compris en cas de victoire de Mme Harris. Les demandes amĂ©ricaines de rĂ©Ă©quilibrage au sein de lâAlliance ne datent pas de la prĂ©sidence Trump.
Il devra Ă©galement veiller Ă ce que l’OTAN soit en bonne forme face Ă la menace russe, conformĂ©ment Ă ses plans de dĂ©fense adoptĂ©s en 2023. Ceux-ci ont rĂ©vĂ©lĂ© que les AlliĂ©s manquaient par exemple de capacitĂ©s de dĂ©fense anti-aĂ©rienne ou de production d’artillerie aprĂšs des annĂ©es. de coupes dans les budgets militaires.
Seuls 23 des 32 pays de lâAlliance ont atteint lâobjectif fixĂ© il y a dix ans de consacrer au moins 2 % de leur produit intĂ©rieur brut (PIB) aux dĂ©penses militaires. Et plusieurs dâentre eux assurent quâil faut dĂ©sormais bien plus contre le Kremlin.
Sur ces sujets, les AlliĂ©s sont trĂšs divisĂ©s et la tĂąche essentielle de Mark Rutte peut se rĂ©sumer en une seule phrase, selon Jens Stoltenberg : « garder les 32 AlliĂ©s ensemble. C’est une grande famille, mais c’est parfois un vĂ©ritable dĂ©fi de garder ensemble. Gardez tout le monde heureux ensemble.
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