L’ancienne maire de Mexico Claudia Sheinbaum doit devenir mardi la première femme prĂ©sidente de l’histoire du Mexique au terme d’une cĂ©rĂ©monie d’investiture rĂ©glĂ©e sur le papier malgrĂ© un gros couac avec l’Espagne.
“C’est l’heure des femmes et de la transformation”, rĂ©pète la scientifique de formation depuis sa victoire Ă©crasante sous l’Ă©tiquette du Mouvement de gauche pour la rĂ©gĂ©nĂ©ration nationale (Morena), le 2 juin.
Avec près de 36 millions de voix et 60 % des suffrages, l’hĂ©ritière de la gauche au pouvoir est la mieux Ă©lue Ă la prĂ©sidence de l’histoire du pays.
Mme Sheinbaum, 62 ans, deviendra la première “presidenta” du Mexique – après 65 hommes Ă la tĂŞte de l’Etat – en prĂŞtant serment Ă 11h01 (17h01 GMT) devant les dĂ©putĂ©s et sĂ©nateurs rĂ©unis Ă Congrès, selon le programme officiel.
Elle revĂŞtira ensuite l’Ă©charpe prĂ©sidentielle qui lui sera remise par la prĂ©sidente de la Chambre des dĂ©putĂ©s, Ifigenia Martinez, 94 ans, une militante de gauche qui a inspirĂ© le prĂ©sident.
En juillet, Mme Martinez a posté une photo avec Mme Sheinbaum sur rien pour nous arrêter. »
L’ancienne maire de Mexico succède Ă son très populaire prĂ©dĂ©cesseur et mentor, Andres Manuel Lopez Obrador, qui l’a lancĂ©e en politique en 2000 comme adjointe Ă l’environnement Ă la mairie de Mexico.
“Je vais remettre l’Ă©charpe prĂ©sidentielle Ă une femme exceptionnelle, Ă une humaniste, Ă une femme pleine d’amour, d’humilitĂ©, de bons sentiments” s’est fĂ©licitĂ©e “AMLO”, lundi, lors de sa 1.438ème et dernière confĂ©rence de presse quotidienne.
M. Lopez Obrador laisse Ă Mme Sheinbaum un hĂ©ritage de plusieurs rĂ©formes constitutionnelles, dont une très controversĂ©e, prĂ©voyant l’Ă©lection des juges au suffrage populaire Ă partir de mi-2025. Le texte a Ă©tĂ© approuvĂ© et promulguĂ©.
“Nous sommes les gardiens de la Constitution”, ont protestĂ© une centaine d’opposants Ă cette rĂ©forme du pouvoir judiciaire rĂ©unis lundi soir Ă Mexico.
Jusqu’Ă dimanche, Mme Sheinbaum a suivi le prĂ©sident sortant dans sa tournĂ©e d’adieu, de Sinaloa et Nayarit (nord-ouest) jusqu’Ă la pĂ©ninsule du Yucatan (sud-est).
– Dès mercredi sur le terrain –
L’Ă©pouse du prĂ©sident amĂ©ricain, Jill Biden, fait partie des invitĂ©s de marque Ă la cĂ©rĂ©monie d’investiture, tout comme les principaux prĂ©sidents de gauche d’AmĂ©rique latine (Luiz Inacio Lula da Silva pour le BrĂ©sil, Gustavo Petro pour la Colombie, Gabriel Boric pour le Chili). ).
En revanche, le siège de l’Espagne, premier partenaire europĂ©en du Mexique, restera vide. Madrid a dĂ©cidĂ© de boycotter la cĂ©rĂ©monie car le roi Felipe VI n’Ă©tait pas invitĂ©.
La gauche au pouvoir au Mexique lui reproche de n’avoir jamais rĂ©pondu Ă une lettre du prĂ©sident sortant lui demandant de reconnaĂ®tre les “dommages” causĂ©s par la colonisation espagnole il y a cinq siècles.
Après un dĂ©jeuner au Palais National avec ses invitĂ©s, Claudia Sheinbaum participera Ă une manifestation populaire sur le Zocalo, la plus grande place d’AmĂ©rique latine, sous les fenĂŞtres de la prĂ©sidence.
Ouragans, sĂ©curitĂ©, Ă©conomie, relations avec les Etats-Unis : les dossiers brĂ»lants l’attendront immĂ©diatement après les festivitĂ©s.
Dès mercredi, Mme Sheinbaum doit se rendre Ă Acapulco sur le Pacifique pour “faire un bilan” des dĂ©gâts causĂ©s par l’ouragan John, qui a fait 15 morts dans le pays sur son passage.
La sécurité sera le principal défi auquel sera confrontée la présidente au cours de son mandat.
“Si le crime organisĂ© et la violence restent hors de contrĂ´le et pĂ©nètrent tous les secteurs de la sociĂ©tĂ©, l’Ă©conomie et les institutions en souffriront”, s’inquiète Michael Shifter, du groupe de rĂ©flexion Dialogue interamĂ©ricain Ă Washington. .
Au total, le Mexique a enregistrĂ© plus de 400 000 morts et quelque 100 000 disparus depuis que l’ancien prĂ©sident Felipe Calderon a lancĂ© l’armĂ©e contre les cartels en dĂ©cembre 2006, avec pour effet de multiplier les bandes criminelles.
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