Le Premier ministre a annoncé une augmentation de 2 % du salaire minimum à partir du 1er novembre.
Opération de recentrage. Quand Gabriel Attal a fait du pouvoir d’achat l’une des pierres angulaires de sa politique, Michel Barnier s’est concentré sur les revenus du travail. « Nous augmenterons le salaire minimum de 2 % à partir du 1er novembre, en prévision de la date du 1er janvier», a-t-il annoncé dans le cadre de son discours de politique générale. L’augmentation portera le salaire minimum de 1766,92 euros bruts par mois à 1802,25 euros bruts. Chaque 1er janvier, le niveau du SMIC évolue en fonction de l’inflation et du gain de pouvoir d’achat des ménages les plus modestes.
Michel Barnier anticipe donc le calcul et propose aux intéressés deux mois d’augmentation supplémentaires. Un marqueur social essentiellement symbolique en période de disette budgétaire. Le SMIC étant indexé sur l’inflation, il a déjà été vigoureusement réévalué depuis la flambée des prix de 2022 : hausse de 0,9% en janvier 2022, de 2,65% en mai 2022, de 2,01% en août 2022, de 1,81% en janvier 2023 et enfin de 1,3% en janvier 2024. Le pouvoir d’achat des personnes au salaire minimum a ainsi été maintenu dans la crise inflationniste.
D’un autre côté, ces augmentations ont mécaniquement élargi le contingent de salariés rémunérés au salaire minimum. Près d’un salarié du secteur privé sur cinq (17 %) bénéficie désormais du salaire minimum. C’est le prix à payer d’un choix de société : la priorité donnée depuis quarante ans à la revalorisation du travail peu qualifié et des bas salaires. Avant Michel Barnier, de nombreux premiers ministres avaient déjà cédé au plaisir, beaucoup moins raisonnable, du « coup de pouce » du salaire minimum, une hausse décorrélée à l’inflation.
Réductions de charge
Pour que ces coup de pouce ne pèsent pas trop sur la rentabilité des entreprises, Édouard Balladur a imaginé dans les années 1990 prendre en charge une partie des cotisations patronales sur les bas salaires. Le système n’a cessé de se développer, au point qu’aujourd’hui, les salaires les plus bas sont quasiment nuls. ” Notre système de réduction des coûts ralentit la hausse des salaires au-dessus du SMIC », a reconnu Michel Barnier.
Les économistes Antoine Bozzio et Étienne Wassmer avaient été chargés par la majorité précédente de réfléchir aux relations entre salaires, coût du travail et primes d’activité afin de lutter contre les pièges des bas salaires. La dissolution a retardé la publication de leur rapport. Michel Barnier pourrait le remettre à l’ordre du jour.
Le Premier ministre a finalement évoqué, sans donner plus de détails mais en invoquant «la déclaration prémonitoire du général de Gaulle», la voie à suivre pour renforcer la participation et l’intérêt. Des mécanismes qui bénéficient dans ce gouvernement d’une ministre dévouée, Marie-Agnès Poussier-Winsback.