C’était un débat qui s’annonçait d’emblée houleux, après l’annonce fin mars d’un déficit public de 5,5% du PIB en 2023, bien loin des 4,9% prévus, et les critiques contre le gouvernement que cette annonce a suscitées. . Lors du débat sur l’orientation des finances publiques qui s’est tenu à l’Assemblée nationale lundi 29 avril, le ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire a néanmoins assuré vouloir « tendre la main à tous les parlementaires de l’opposition qui souhaitent assainir les finances publiques ».
« Venez participer à ce redressement de nos finances publiques et laissons de côté une fois pour toutes les querelles politiques, qui ne sont pas dans l’intérêt de la France », a-t-il lancé à l’opposition, qui critique depuis sept ans la gestion de cette dernière par Emmanuel Macron et M. Le Maire. Devant une cinquantaine de députés, le ministre a déclaré à l’ouverture du débat qu’il espérait que cela permettrait « confronter des visions plutôt que des postures ».
Les groupes Rassemblement national (RN) et La France insoumise (LFI) ont de leur côté demandé qu’un projet de loi de finances rectificative soit soumis au Parlement. “dans les trente jours” pour certains, d’ici ” un mois “ pour les autres, faute de quoi ils déposeront une motion de censure pour tenter de faire tomber le gouvernement. Alors que le ministre de l’Économie avait publiquement soutenu l’idée d’un projet de loi de finances rectificative avant l’été, Emmanuel Macron s’est opposé à cette option.
Pour le ministre, les oppositions ont la « mémoire courte »
je n’ai pas “jamais vu autant de parlementaires préoccupés par la dette publique et l’équilibre de nos finances, inquiets du risque de dégradation de notre note par les agences de notation et finalement un peu déçus que les agences Fitch et Moody’s aient décidé de maintenir la note de la France” Vendredi soir, a lancé Bruno Le Maire lors du débat dans l’hémicycle. “Non, le financement de notre dette n’est pas menacé, non la France de 2024 n’est pas la Grèce de 2010, gardons notre sens de la modération et notre sang-froid”a ajouté le ministre.
Il s’est dit « surpris par cette cohorte de parlementaires qui ont toujours réclamé plus d’argent dans le passé et qui réclament toujours plus d’économies maintenant », « dans une conversion aussi soudaine que douteuse ». Le ministre a notamment brandi une grande initiale rouge, annonçant que dix autres étaient placées sur les bancs du gouvernement, contenant au total « 2 500 lettres, de tous partis, réclamant davantage de dépenses publiques dans tous les domaines et m’accusant presque d’avarice ».
Bruno Le Maire a également dénoncé ceux qui “mémoire courte”et j’ai oublié “temps difficiles” lors de la pandémie de Covid-19 ou de la crise inflationniste, où l’État a dépensé énormément pour soutenir l’économie. Maintenant, a-t-il poursuivi, « nous devons être la majorité qui ramènera le déficit public en dessous de 3% du PIB en 2027 ». Selon lui, le programme de stabilité qui sous-tend cette trajectoire “doit nous conduire à rassembler tous ceux qui, au-delà des polémiques, veulent sincèrement assainir les finances publiques de la nation”.
“La balle est dans le camp des LR” en cas de motion de censure
Les oppositions sont cependant restées sur leurs positions, tentant de jouer le rapport de force face à un camp présidentiel sans majorité absolue à l’Assemblée. « Le groupe du Rassemblement national exige qu’un projet de loi de finances rectificative soit soumis au Parlement dans les trente jours et que la discussion budgétaire se termine, sans 49.3. (…) Si au bout de ces trente jours le gouvernement continue d’ignorer le Parlement, le groupe RN déposera alors une motion de censure »a notamment prévenu le député d’extrême droite Jean-Philippe Tanguy.
Cette motion de censure aurait peu de chance d’être votée par tous les groupes d’opposition, comme l’a reconnu M. Tanguy, qui a fustigé le « un sectarisme délétère » d’autres groupes. Soulignant qu’une motion déposée par le groupe LIOT (indépendants) ou Les Républicains serait « plus de chances de faire passer et finalement de renverser le gouvernement »Il a appelé ” en particulier “ ce dernier à « prendre enfin ses responsabilités ». « Si le groupe LR dépose une motion de censure, le groupe RN la soutiendra »il a dit.
Interrogé après le débat, le président de la commission des finances Eric Coquerel (LFI) a également déclaré à la presse que “si dans un mois il n’y a pas de projet de loi de finances rectificative, alors nous déposerons une motion de censure”. Le groupe LFI a réaffirmé qu’il était ouvert au vote d’une motion LR. « La balle est dans le camp de LR. S’agit-il ou non d’un parti d’opposition à l’Assemblée ? »» a demandé la députée insoumise Marianne Maximi.
Pour l’heure, Gabriel Attal n’a fait face qu’à une seule motion de censure, largement rejetée, en février. Sa prédécesseure Elisabeth Borne a réussi à en surmonter trente et un.