A à l’occasion d’un festival de cinéma à Londres en 2021, Jesse Armstrong, le créateur britannique de la célèbre série télévisée Succession, a admis avoir été inspiré par la vie des deux empereurs médiatiques les plus spectaculaires de la seconde moitié du XXe sièclee siècle, Rupert Murdoch et Sumner Redstone. Son intérêt a été éveillé par leur plaisanterie commune lorsqu’ils ont été interrogés sur leur succession : « Nous n’avons pas l’intention de mourir. » Rupert Murdoch a 93 ans et Sumner Redstone est décédé en 2020 à l’âge de 98 ans.
Le patron du géant Viacom-Paramount, propriétaire des chaînes CBS, MTV, Nickelodeon, de l’éditeur Simon & Schuster (revendu depuis), le producteur de Titanesquede Bob l’éponge ou Parrain, propriétaire de cinémas dans le monde entier, ne s’est jamais trop préoccupé de « la suite ». À propos de sa fille Shari, il a dit qu’elle n’avait pas eu “aucune contribution à ses affaires”. Elle est désormais aux commandes et s’apprête à vendre l’empire.
Elle est en négociations avancées pour la vente de la société holding de l’entreprise, National Amusements Inc. (NAI), fondée par son grand-père en 1936 pour regrouper les cinémas en plein air qu’il a achetés en Nouvelle-Angleterre. . Celui-ci détient 80% des droits de vote du groupe, désormais baptisé Paramount.
Faire revivre un géant
Et comme dans les meilleures séries télévisées, l’acheteur est aussi un héritier écrasé par l’ombre de son père, David Ellison, le fils du fondateur et multimilliardaire d’Oracle Larry Ellison. Moqué à ses débuts, le « fils de » a développé le producteur Skydance, qui peut se targuer du succès des récents films de Tom Cruise. Top Gun Maverick ou le dernier Mission impossible. Soutenu par le financier KKR, le chinois Tencent et bien sûr l’argent de papa, il souhaite fusionner Skydance avec Paramount pour relancer un géant en sérieux déclin ces dernières années.
Les dizaines de chaînes du réseau Viacom souffrent du déclin de la télévision par câble, tandis que le lancement de sa chaîne de streaming Paramount+ plombe les pertes du groupe. Dommage pour Shari Redstone, dont la société NAI accumule les dettes et voit disparaître les dividendes de sa filiale. Ce lundi 29 avril, elle a licencié le placide Bob Bakish, vétéran de l’entreprise qui la dirigeait depuis 2016.
Le seul problème dans l’accord est que NAI contrôle Paramount, mais ne détient que 10 % des actions. Les autres actionnaires n’entendent pas jouer les farceurs. L’exclusivité des négociations prend fin le 3 mai et le fonds Apollo est déjà en embuscade pour surenchérir. Il n’y a pas que chez Bolloré et Lagardère que les successions sont troublées. La fièvre médiatique n’a pas encore fini de saisir les héritiers du monde entier.