En Europe, l’agriculture n’est décidément pas un sujet comme les autres. La crise qui a secoué le monde paysan au début de l’année a vu, en un temps record, les Vingt-Sept prendre des mesures radicales pour y répondre. L’écologisation de la Politique agricole commune (PAC) a été largement sacrifiée, l’aide à l’Ukraine réduite et l’accord de libre-échange avec le Marché commun du Sud (Mercosur) reporté. Quant au Green Deal, destiné à amener l’Union européenne (UE) à la neutralité carbone d’ici 2050, il épargne largement les agriculteurs, malgré l’urgence de la lutte contre le changement climatique.
Il existe un écart entre le poids du monde agricole sur le Vieux continent et l’importance de la PAC, qui permet de distribuer plus de 50 milliards d’euros d’aides par an dans toute l’Europe et représente un tiers du budget communautaire. Mais, comme le souligne le président Emmanuel Macron, la PAC, qui reste aujourd’hui le premier poste de dépenses de l’UE, doit avant tout garantir que les Vingt-Sept aient leur « souveraineté alimentaire ».
L’histoire récente a en effet montré qu’il pouvait être dangereux de dépendre de pays tiers pas toujours très amicaux : les Européens se souviendront longtemps de leur impuissance face à une Chine qui a refusé de leur vendre des masques pendant la crise liée au Covid-19. 19 ou les conséquences de la décision de Moscou de couper leur robinet de gaz.
Peur d’un mouvement de grande ampleur
Ce n’est pas tout. A l’approche des élections européennes, prévues du 6 au 9 juin, les Vingt-Sept, au premier rang desquels la France, craignaient que la colère rurale n’alimente un mouvement comme celui des “gilets jaunes” à l’échelle communautaire et qu’elle alimente une profonde opposition. le vote de droite est déjà en forte croissance, selon les sondages.
« Vladimir Poutine et ses amis font tout ce qui est en leur pouvoir pour empoisonner le débat public dans toute l’Europe », a accusé le 23 février Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission, dénonçant l’exploitation par le Kremlin de certaines manifestations paysannes. Dans les défilés, nous avons vu « des gens qui ne cachent pas leur soutien au Kremlin et poursuivent des objectifs autres que les intérêts des agriculteurs »a assuré le Premier ministre tchèque, Petr Fiala, sur le réseau social X, le 19 février.
Dans ce contexte, les Vingt-Sept n’ont pas hésité lorsqu’en janvier, des agriculteurs ont manifesté dans toute l’Europe, de la France à l’Allemagne, de l’Italie aux Pays-Bas, en passant par l’Espagne, le Portugal, la Roumanie, la Pologne ou la Hongrie. Au cœur de leurs récriminations, l’Union européenne (UE), qu’ils accusaient, en masse, d’avoir conçu une PAC trop bureaucratique, conclu des accords commerciaux à leur désavantage, adopté un coûteux Green Deal ou organisé une concurrence déloyale des produits ukrainiens, des livraisons gratuites. d’entrer sur le marché intérieur sans droits de douane depuis le début de la guerre.
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