LL’image frappe le voyageur lorsqu’il arrive en Asie : ces vieillards fragiles et courbés occupés dans les rues, au travail acharné. Le continent le plus dynamique du monde vieillit rapidement. En 2000, près de 8 % de sa population avait plus de 60 ans. Une proportion qui devrait atteindre 25% d’ici 2050.
Il a fallu vingt ans à la Thaïlande pour que le nombre de ses seniors de plus de 65 ans double, passant de 7 % à 14 % de la population, quand les Européens ont mis un siècle pour y parvenir. Pour ces derniers, le vieillissement s’accompagne de prospérité. Même chose au Japon, qui était cinq fois plus riche que la Thaïlande lorsque ce seuil fut atteint en 1994.
Thaïlande, Vietnam, Indonésie, Philippines, Cambodge… Tous ces pays vieillissent avant de devenir riches. Un défi financier, budgétaire, social et humain considérable. C’est pourquoi la Banque asiatique de développement (BAD) a choisi de tirer la sonnette d’alarme lors de son assemblée générale annuelle (2 au 5 mai) à Tbilissi, en Géorgie.
Faible protection sociale
Le sujet est rarement au premier plan des préoccupations contrairement au climat, à l’intelligence artificielle ou à la mondialisation, mais ses conséquences sont extrêmement sensibles pour les populations. Selon la BAD, 40 % des plus de 60 ans en Asie n’ont pas de pension de retraite, 60 % ne sont pas suivis médicalement et 94 % des plus de 65 ans travaillent dans l’économie informelle sans protection sociale.
Comment sortir de ce piège qui menace le développement économique, les budgets des États et le bien-être des populations ? Les solutions sont connues, mais elles ne sont pas forcément bonnes à entendre ou à appliquer. Le premier est le relèvement de l’âge de la retraite, ne serait-ce que pour éviter de tomber dans l’économie informelle. Le deuxième est de maintenir cette population en bonne santé, tandis que, selon la BAD, un tiers est malade et déprimé. La troisième mesure concerne les femmes, principales victimes de cette paupérisation. En Inde, seuls 24 % d’entre eux sont intégrés dans le monde du travail officiel.
Le dernier concerne la politique migratoire. Il faut l’organiser. L’hebdomadaire L’économiste cité, en octobre 2023, l’exemple du sous-continent indien. Dans les Etats riches du sud, comme le Kerala, le nombre de seniors dépasse déjà les 15%, mais la croissance est entretenue par les 450 millions de migrants, venus notamment des régions pauvres du nord-est du pays. Et de proposer aux Thaïlandais de régulariser leurs nombreux immigrants birmans qui s’entassent dans des camps.
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