Mmettre fin à la crise du logement, tel est l’objectif ambitieux de la loi présentée ce vendredi 3 mai en Conseil des ministres par Guillaume Kasbarian, ministre délégué chargé du Logement. Le gouvernement entend agir sur quatre leviers : « offrir de nouveaux outils aux maires pour construire, simplifier les démarches administratives pour construire plus vite, libérer l’investissement dans le logement abordable, faciliter l’accès au logement des Français”, selon les déclarations du ministère à l’Agence France-Presse (AFP).
Dans une interview accordée à Parisien Jeudi 2 mai, Guillaume Kasbarian explique que le premier article du projet de loi « ouvre la possibilité d’inclure jusqu’à 25 % de logements intermédiaires dans les objectifs de construction neuve pour les collectivités concernées par la loi SRU. ” Ce que nous proposons, c’est une adaptation pour diversifier l’offre et soutenir la classe moyenne qui aura du mal à se loger », précise le ministre. Les élus ne seront toutefois pas contraints de mettre en place des logements intermédiaires dans leur quota de 25% de logements sociaux.
LIRE AUSSI EXCLUSIF. « Les plus modestes n’ont pas accès aux HLM » Par ailleurs, le texte prévoit l’application immédiate du complément de loyer dans les logements sociaux. Celles-ci s’appliqueront dès le premier euro de dépassement du plafond de ressources, et non, comme aujourd’hui, en cas de dépassement de plus de 20%”, ajoute Guillaume Kasbarian au quotidien. ” Et, si le plafond est dépassé de 20 % pendant deux années consécutives, le bailleur mettra automatiquement fin au bail. »
En revanche, le ministre souhaite que les atouts des personnes soient évalués dans leur accès au logement social. ” Si vous êtes devenu propriétaire d’un bien équivalent, qui répond à vos besoins, vous n’avez pas vocation à séjourner dans un logement social », clame Guillaume Kasbarian. Si nécessaire, les locataires pourront être expulsés.
Enfin, les délais de recours gratuits pour un permis de construire seront réduits de six à deux mois afin de « faciliter l’acte de construire », ce qui devrait également réduire le prix de l’opération de 3% selon le ministre.
Les acteurs du monde de l’habitat s’élèvent contre le projet
La première version du projet de loi, qui a fuité mi-avril, a suscité un tollé, notamment ses dispositions concernant le logement social.
Le Conseil national de l’habitat (CNH), regroupant les nombreux acteurs du monde du logement (associations professionnelles, bailleurs sociaux, élus, associations de locataires…), s’est majoritairement prononcé contre. Dans la foulée, les cinq principales associations de locataires HLM ont fustigé « un projet de loi qui s’attaque aux pauvres. Face à la latitude supplémentaire accordée aux maires pour attribuer de nouveaux HLM, ils craignent l’émergence d’un « clientélisme électoral”, voire un ” préférence nationale.
” Pourquoi vouloir affaiblir la loi SRU, donner une prime à ceux qui ne l’appliquent pas suffisamment depuis vingt à vingt-cinq ans alors que d’autres s’y tiennent ? » demande Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé-Pierre. Selon les chiffres de l’Union sociale pour l’habitat (USH), 2,6 millions de foyers étaient en attente de HLM en 2023, tandis que 4,2 millions de personnes sont mal logées.
Le texte doit être examiné au Sénat vers la mi-juin.