CONTRE’C’est une assemblée générale sous haute tension de Stellantis qui s’ouvre ce mardi 16 avril. Les actionnaires du constructeur automobile issu de la fusion entre PSA et Fiat Chrysler doivent se prononcer sur la rémunération 2023 du PDG Carlos Tavares. Déjà sous le feu des critiques par le passé, elle est à nouveau pointée du doigt.
Fin février, le conseil d’administration a précisé proposer une enveloppe pouvant aller jusqu’à 36,5 millions d’euros, comprenant une partie fixe et une autre variable, soit une augmentation de 56% sur un an qui fait de Carlos Tavares le meilleur patron payé de France. Un chiffre que le conseil d’administration du constructeur justifie par le fait que l’entreprise a réalisé, sous la houlette du patron franco-portugais, “l’une des meilleures performances de l’industrie automobile en 2023”. Pour rappel, Stellantis a réalisé l’an dernier un bénéfice net de 18,6 milliards d’euros, à la troisième place du CAC 40 après LVMH (22,8 milliards d’euros) et Total (21,4 milliards d’euros). ). 10 % de ces bénéfices sont redistribués aux salariés du groupe.
Mais 36,5 millions d’euros, c’est trop ? Le débat sur les salaires des patrons reste ouvert. D’un côté, certains estiment que la « liberté salariale » devrait être la règle, surtout si une entreprise souhaite attirer les managers les plus talentueux. D’autres pensent au contraire que les managers ont une responsabilité sociale qui les obligerait à auto-limiter leurs salaires.
Critiques des agences
Si le PDG de Stellantis gagne autant dans une journée de travail qu’un salarié du groupe dans un an, sa rémunération est proche, voire inférieure, à celle de ses homologues américains comme celle de General Motors. Il est en revanche près de six fois mieux payé que le patron de Toyota, premier constructeur mondial qui a réalisé la moitié des bénéfices de Stellantis en 2023 (8,5 milliards d’euros). La comparaison avec les Américains est plutôt pertinente puisque les Etats-Unis représentent le principal centre de profit de l’entreprise.
Les trois principales agences de conseil en vote des actionnaires (ISS, Glass Lewis et Proxinvest) ont appelé les actionnaires à voter « contre » la rémunération du dirigeant. Parmi les éléments critiqués, le fait que la reconversion des usines de véhicules thermiques en sites de production de moteurs électriques ou hybrides soit prise en compte dans la fixation des rémunérations. Pour de nombreux observateurs, il s’agit d’une tâche normale et non exceptionnelle pour un dirigeant d’un constructeur automobile. L’entreprise a doublé sa valorisation boursière depuis sa création, à plus de 78 milliards d’euros. « La profondeur de la compréhension financière du marché boursier m’échappe. L’important pour moi est de faire mon travail et de faire de Stellantis une entreprise durable tout en négociant la mutation du secteur face à de redoutables concurrents chinois. »
Je réagirai démocratiquementCarlos Tavares
Les actionnaires de Stellantis vont-ils se rebeller contre le maestro Carlos Tavares qui a brillamment dirigé la fusion entre PSA et Fiat Chrysler ? S’ils le faisaient, pas sûr que cela change la position de la direction du groupe. En effet, les résolutions sur la rémunération ne sont pas contraignantes, car le siège social du fabricant est situé aux Pays-Bas.
En 2022, le conseil d’administration a passé outre l’opposition de 52% des actionnaires aux 19 millions d’euros alloués à Carlos Tavares. En déplacement lundi 15 avril dans l’usine de Trémery (Moselle) en cours de conversion à l’électricité, le patron franco-portugais est resté énigmatique, prometteur : « Nous verrons quel sera le résultat du vote de l’assemblée générale des actionnaires. Je réagirai démocratiquement. »