Véritable bestiaire : hérisson, grenouille, oiseaux, hamster ou chauve-souris… la liste des espèces animales qui sont à l’origine de l’arrêt des programmes immobiliers est longue comme une parade d’entrée dans l’arche de Noé. Il s’agit à chaque fois d’espèces protégées qui pourraient être mises en danger par la destruction d’un habitat naturel. Mais dans cette affaire qui se déroule à Porto-Vecchio et dont les aventures judiciaires s’étalent sur plus de 5 ans, les plaignants mettent en avant un “détriment de l’approbation”. Autrement dit, ils se plaignent que la réalisation du programme immobilier prévu sur la parcelle voisine les prive de la vue sur les tortues.
Comme le rapporte Corse Matin, l’affaire est actuellement examinée par le Conseil d’Etat, la plus haute juridiction administrative du pays, qui doit rendre sa décision définitive dans les prochaines semaines. En cause : un arrêté du préfet de Corse du Sud pris en décembre 2017 qui a autorisé une entreprise de construction à déplacer les tortues d’Hermann présentes sur le chantier et à détruire leur habitat. Attaquée par une société immobilière et un couple de riverains, cette ordonnance a été partiellement annulée par le tribunal administratif de Bastia.
Les tortues peuvent passer par une autre parcelle
Mais la cour administrative d’appel de Marseille a alors entièrement donné raison au promoteur, estimant que les plaignants n’avaient aucun intérêt direct à agir dans cette procédure. Et, selon Matin Corse, le rapporteur public du tribunal administratif supérieur a confirmé la lecture de la loi effectuée par les magistrats marseillais. D’une part, une SCI en tant que personne morale ne peut invoquer une atteinte à l’agrément. Quant aux autres résidents concernés par la procédure, le fait que leur parcelle soit mitoyenne à celle du projet immobilier ne justifie pas non plus cette atteinte à l’agrément. « En tout état de cause, le décret contesté prévoit que les tortues doivent être relâchées à proximité immédiate, dans un rayon inférieur à 500 mètres du lieu de capture. Or, il ressort des pièces du dossier que les tortues accèdent au terrain des requérants en passant par la parcelle voisine et qu’elles pourront ainsi continuer à accéder à leur propriété. selon le rapporteur qui demande le rejet des pourvois en cassation. Résultat dans quelques semaines.