Le nouveau président du Sénégal a décidé d’arrêter tous les projets de construction en cours sur la corniche de Dakar, le temps d’en vérifier les normes. Une décision qui avait été réclamée par les défenseurs de l’environnement, mais redoutée par les travailleurs.
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Ce matin-là, la voiture du nouveau président, Bassirou Diomaye Faye, élu début avril, et son cortège sillonnaient la corniche de Dakar et passaient devant les différents chantiers. Le président veut vérifier que les tractopelles et les grues sont à l’arrêt dans cette zone maritime protégée, le temps de vérifier leurs autorisations. Une manière aussi de contrôler la construction en béton qui ronge le littoral depuis une vingtaine d’années.
Une suspension bien accueillie par les Dakarois, comme Balla, qui se retrouvent de plus en plus coupés de leur littoral. “Je pense que c’est une décision pertinente, car le littoral est un bien commun, donc nous ne pouvons pas vendre le littoral à des gens que nous ne connaissons même pas.”
Coura, de son côté, ne reconnaît plus la ville dans laquelle elle a grandi, où les chantiers se multiplient depuis le début des années 2000. “Aujourd’hui, c’est difficile de voir la plage depuis la voiture, se lamente-t-elle. Il fut un temps où, en conduisant, on avait de l’air pur, on respirait, on voyait la plage. C’était sympa de rouler sur la corniche du Dakar. Mais aujourd’hui, quand on roule, on est entre le ciment et le fer.”
Éviter le retrait du sable et l’érosion côtière
L’arrêt des constructions était également une revendication des défenseurs de l’environnement. La bétonisation des falaises et des plages a des effets directs sur les sols, comme l’explique Alioune Sané, chef des écologistes du département de Dakar. « Quand vous creusez, vous remuez le sol. Ensuite, vous facilitez l’avancée de l’eau, de la mer, ce qu’on appelle l’érosion côtière. Il faut éviter d’enlever le sable. Les bâtiments bloquent également les vents qui refroidissent la grande métropole.
Sur un grand chantier arrêté, les salariés sont privés de travail depuis mardi. Ils hésitent à s’exprimer. “En ce moment, c’est un peu sensible”, reconnaît l’un d’eux. Mais cette mesure les met en colère. “Si nous ne travaillons pas, serons-nous payés ? Ils nous mettent au chômage.” Ces chefs de famille se retrouvent privés de revenus à la veille de la Tabaski, une grande fête religieuse. Pour Alioune Sané, les coupables ne sont pas seulement les promoteurs immobiliers, mais aussi les autorités qui ont accordé les permis : “S’il y a toutes ces constructions, c’est parce que l’urbanisme a donné l’autorisation, les mairies sont peut-être impliquées aussi. Il leur suffit d’aller voir qui est derrière tout ça.” Des procédures judiciaires pourraient être engagées entre les promoteurs et l’État.