C’est un chirurgien spécialisé dans la reconstruction corporelle. Ghassan Abu Sitta, qui possède la double nationalité britannique et palestinienne, a passé 43 jours à Gaza dans l’hôpital Al-Shifa, l’un des plus grands du territoire, pour soigner les horreurs de la guerre. C’est cette expérience qu’il devait raconter au Sénat ce samedi 4 mai. Mais, bloqué à l’aéroport de Roissy, il n’a jamais pu entrer sur le territoire français, en raison d’une interdiction de l’espace Schengen décrétée par Berlin.
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« Je suis à l’aéroport Charles De Gaulle. Ils m’empêchent d’entrer en France. Je suis censé prendre la parole au Sénat français aujourd’hui. » Samedi, il a déploré X samedi en fin de matinée. “On dit que les Allemands m’ont interdit l’entrée en Europe pendant un an”il ajouta.
Un formulaire délivré par l’Allemagne
Une source policière a confirmé àAFP Celui-la « Formulaire d’interdiction de l’espace Schengen » délivré par l’Allemagne l’empêchait d’entrer à Paris. Il est finalement rentré à Londres en fin d’après-midi, a précisé une autre source policière. Le dernier vol de la journée alors qu’il aurait pu partir plus tôt, dénonce également Ghassan Abu Sitta, qui y voit un ” vengeance “ de la police française.
À la mi-avril, le Dr Abu Sitta s’est vu interdire l’entrée en Allemagne, tout comme l’ancien ministre grec des Finances Yanis Varoufakis. Tous deux devaient participer à Berlin à un « Congrès palestinien » auquel la police allemande avait mis fin une heure après son début.
Interrogées sur Yanis Varoufakis, les autorités allemandes ont justifié cette mesure par leur volonté “pour empêcher toute propagande antisémite et anti-israélienne”.
Dans une vidéo diffusée le même jour sur X, le Dr Abu Sittah évoquait alors avoir été banni du territoire allemand « pour tout le mois d’avril ». Il a également dénoncé « la répression de la liberté d’expression en Allemagne »un pays selon lui « complice (de l’armée israélienne) dans la réduction au silence des témoins du génocide » à Gaza.
Le docteur Ghassan Abu Sittah, qui a passé 43 jours à se soigner à Gaza, notamment à l’hôpital al-Shifa, devait participer à une conférence au Sénat, organisée par la sénatrice écologiste Raymonde Poncet Monge. “Scandaleux”, a réagi Guillaume Gontard, président du groupe écologiste au Sénat, sur X.
Les organisateurs de la conférence ont tenté, sans succès, d’intervenir auprès des cabinets de Gérald Darmanin et de Stéphane Séjourné, les ministres français de l’Intérieur et des Affaires étrangères. Il a finalement pu intervenir par visioconférence, selon un tweet du sénateur écologiste.
Selon une source gouvernementale française, si une personne est signalée pour « non-entrée » dans le Système d’information Schengen par un pays membre, elle n’est pas autorisée à entrer dans tous les pays de l’espace Schengen.
Le Sénat, en tant qu’institution, n’est pas à l’origine de l’événement. Les groupes politiques sont libres d’organiser les conférences de leur choix.
Les forces israéliennes se sont retirées début avril de l’hôpital al-Shifa, où elles ont déclaré avoir combattu des combattants palestiniens au cours d’une opération de deux semaines. Une mission dirigée par l’OMS a rapporté le 6 avril que l’hôpital avait été réduit à un ” coquille vide “ parsemé de restes humains.