Elle est en larmes : son fils fait partie des suspects arrêtés après l’attaque meurtrière en mars à l’hôtel de ville de Crocus, près de Moscou.
Comment, parti des chemins de terre de leur village du Tadjikistan, en Asie centrale, son garçon a-t-il pu atterrir sur le banc des accusés d’un tribunal russe, le visage tuméfié, visiblement battu ? Et soupçonné d’actes de terrorisme… Muyassar Zargarova s’interroge à haute voix : « Il faut comprendre : qui recrute les jeunes Tadjiks ? Pourquoi veulent-ils nous présenter comme un peuple de terroristes ?
Les combattants tadjiks de l’État islamique (et en particulier de son affilié en Afghanistan, l’État islamique du Khorasan, ou ISIS-K) jouent depuis un certain temps un rôle croissant dans les attaques terroristes. Au cours de l’année écoulée, des ressortissants de ce pays ont été impliqués dans des actions menées en Russie, en Iran et en Turquie, mais aussi dans des opérations déjouées en Europe. Sur les milliers de combattants de l’IS-K, plus de la moitié seraient des Tadjiks. Professeur de relations internationales à la Texas A&M University, Edward Lemon confirme :
“(Les Tadjiks) sont devenus un pivot dans les actions à l’étranger de l’EI-K, qui cherche à refaire surface et à recruter.”
S’ils sont des proies faciles, c’est que leur pays est accablé de fléaux. Cette ancienne république soviétique, de plus en plus autoritaire, compte parmi les pays les plus pauvres du monde ; des millions de travailleurs quittent le Tadjikistan à la recherche d’une vie meilleure. Sur une population estimée à 10 millions d’habitants, plus de deux millions, en majorité des hommes adultes, cherchent du travail hors de leur pays.
Cible de la propagande djihadiste
Et la plupart de ces migrants finissent en Russie, où discriminations, salaires très bas, manque d’avenir et marginalisation en jettent plus d’un dans les bras des recruteurs jihadistes. Officiellement, il y a 1,3 million de travailleurs tadjiks en Russie, mais on estime que plusieurs centaines de milliers d’autres travaillent illégalement dans le pays.
« La jeune génération tadjike a perdu tout espoir en l’avenir », le lâche Mouhiddine Kabiri, leader en exil du Parti de la Renaissance islamique du Tadjikistan, un groupe d’opposition modéré brutalement interdit en 2015 et classé “extrémiste”.
« L’alternative est étroite : soit une dictature laïque, soit l’État islamique ou d’autres organisations islamistes. »
Pas moins de 2 000 Tadjiks étaient partis vers le « califat » fondé par Daesh dans une région à cheval sur le Syr.
Elle est en larmes : son fils fait partie des suspects arrêtés après l’attaque meurtrière en mars à l’hôtel de ville de Crocus, près de Moscou.
Comment, parti des chemins de terre de leur village du Tadjikistan, en Asie centrale, son garçon a-t-il pu atterrir sur le banc des accusés d’un tribunal russe, le visage tuméfié, visiblement battu ? Et soupçonné d’actes de terrorisme… Muyassar Zargarova s’interroge à haute voix : « Il faut comprendre : qui recrute les jeunes Tadjiks ? Pourquoi veulent-ils nous présenter comme un peuple de terroristes ?
Les combattants tadjiks de l’État islamique (et en particulier de son affilié en Afghanistan, l’État islamique du Khorasan, ou ISIS-K) jouent depuis un certain temps un rôle croissant dans les attaques terroristes. Au cours de l’année écoulée, des ressortissants de ce pays ont été impliqués dans des actions menées en Russie, en Iran et en Turquie, mais aussi dans des opérations déjouées en Europe. Sur les milliers de combattants de l’IS-K, plus de la moitié seraient des Tadjiks. Professeur de relations internationales à la Texas A&M University, Edward Lemon confirme :
“(Les Tadjiks) sont devenus un pivot dans les actions à l’étranger de l’EI-K, qui cherche à refaire surface et à recruter.”
S’ils sont des proies faciles, c’est que leur pays est accablé de fléaux. Cette ancienne république soviétique, de plus en plus autoritaire, compte parmi les pays les plus pauvres du monde ; des millions de travailleurs quittent le Tadjikistan à la recherche d’une vie meilleure. Sur une population estimée à 10 millions d’habitants, plus de deux millions, en majorité des hommes adultes, cherchent du travail hors de leur pays.
Cible de la propagande djihadiste
Et la plupart de ces migrants finissent en Russie, où discriminations, salaires très bas, manque d’avenir et marginalisation en jettent plus d’un dans les bras des recruteurs jihadistes. Officiellement, il y a 1,3 million de travailleurs tadjiks en Russie, mais on estime que plusieurs centaines de milliers d’autres travaillent illégalement dans le pays.
« La jeune génération tadjike a perdu tout espoir en l’avenir », le lâche Mouhiddine Kabiri, leader en exil du Parti de la Renaissance islamique du Tadjikistan, un groupe d’opposition modéré brutalement interdit en 2015 et classé “extrémiste”.
« L’alternative est étroite : soit une dictature laïque, soit l’État islamique ou d’autres organisations islamistes. »
Pas moins de 2 000 Tadjiks étaient partis vers le « califat » fondé par Daesh dans une région à cheval sur le Syr.