Olivier Bal est un écrivain et l’une des plus grandes révélations du monde du thriller. D’abord journaliste, il s’oriente rapidement vers le documentaire, les voyages, la culture, les jeux vidéo et enfin l’écriture. Limbo, son premier roman est rapidement devenu un livre à succès, une auto-édition qui a su convaincre les lecteurs devant une maison d’édition, ce qui est rarissime. Aujourd’hui, il publie Le pack chez XO Éditions.
Au centre de ce thriller se trouve le sanglant Black Angel. Il tue avec un mode opératoire vraiment très rodé. D’un côté, nous avons Sofia qui travaille dans la cellule antiterroriste et tente d’arrêter cet assassin qui s’en prend aux notables. De l’autre, Gabriel qui enquête sur l’assassinat de réfugiés mutilés à Paris. Il s’agit d’une famille et d’une meute de loups aux dents acérées.
franceinfo : A travers ces récits, dans l’Histoire, vous abordez la montée des extrêmes, des petits groupes identitaires. Encore fallait-il vraiment oser.
Olivier Bal : C’est un sujet qui circule depuis plusieurs années. Dans mes écrits, j’ai toujours essayé de m’éloigner de la réalité, de raconter notre époque, mais par des moyens légèrement différents, à travers la pure fiction. Mais ce sujet, la montée des extrêmes, m’interpelle depuis plusieurs années. Alors je me suis dit : il faut se lancer, il faut raconter cette histoire que tu portes en toi depuis toutes ces années.
“Je n’ai pas la prétention de faire un essai, je raconte des histoires, mais j’espérais qu’avec cette histoire, j’interrogerais peut-être aussi des lecteurs comme moi, je m’interroge sur cette montée, cette menace de l’ultra-droite en France et en Europe. ”
Olivier Balsur franceinfo
Vous parlez des élus et c’est ça qui est vraiment au centre de ce travail. Certains ont le sentiment d’être choisis et donc d’avoir un sentiment d’impunité, de règne total, de domination. C’est dramatique car on se rend compte à quel point la société souffre de ce type de comportement plutôt que de le combattre.
C’est presque un endoctrinement sectaire. J’avais déjà travaillé sur le sujet des sectes dans un livre précédent et j’ai trouvé ici de vraies similitudes entre l’endoctrinement de ces petits groupes et celui des sectes. Ce sont souvent des jeunes un peu perdus, en quête de direction, comme le sont beaucoup de personnes dans nos sociétés modernes. Et en donnant ce sentiment de vivre au-delà de ce que nous sommes, ceux qui tirent les ficelles de ces réseaux pourront faire faire à ces jeunes ce qu’ils veulent.
J’ai l’impression qu’il y a parmi vous une dynamique de chevaliers des temps modernes.
Oui tout à fait. En fait, ce qui m’interpelle aussi, c’est d’essayer de montrer que ces mouvements ont souvent la même imagination politico-religieuse. C’est un peu prétentieux ce que je dis là, mais c’est que souvent dans l’imagerie, ils développent une théorie.
On retrouve souvent cette imagerie très médiévale. Les croisés, les chevaliers, le sens de l’honneur, le code de l’honneur qui les rassemble et qui les unit. Ce qui est intéressant, c’est peut-être de montrer que nous sommes dans une époque où plutôt que d’avancer, on recule. On n’est finalement pas si loin de ce qu’on a vu, même en Syrie, à l’extrême opposé, que l’on soit à Raqqa ou à Alep, je trouve qu’il y a des similitudes entre toutes ces croyances et tous ces extrêmes.
Vous dites aussi à un moment donné, à travers un personnage : “l’humanité est morte“.
C’est la faute des auteurs de crime et de thriller. Je pense que nous avons une forme d’obscurité en nous. Je pense que nous passons notre vie à écrire à creuser dans les ténèbres, à creuser dans nos ombres pour chercher la lumière. Peut-être que j’ai un passé un peu pessimiste. Je crois en l’homme. J’ai peur de ce que l’humanité peut faire, mais je crois fondamentalement en la capacité de l’homme à réussir, à être meilleur. Je suis donc quand même un peu idéaliste, même si je reste pessimiste.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de commencer à écrire ? Car au fond, il y avait bel et bien cette envie de raconter des histoires. Cela a toujours fait partie de vous puisqu’on ne devient pas journaliste si l’on n’a pas envie de raconter une histoire.
« Je pense que le désir de raconter des histoires a toujours été ancré en moi, depuis que je suis enfant. »
Olivier Balsur franceinfo
Il m’a fallu du temps pour me retrouver dans l’écriture. J’ai retourné le roman qui était pour moi comme un Everest un peu infranchissable. Écrire un livre m’a fait peur. J’adorais lire, mais pour moi c’était trop gros, c’était trop gros. Et puis finalement, petit à petit, peut-être en prenant confiance, en écrivant des choses certainement lisibles aujourd’hui, mes premiers scénarios, ma pièce, un documentaire, je me suis acclimaté à la narration. Et finalement, ce désir est plus grand que moi, me dépasse et donc c’est ma passion, il m’habite et donc à un moment donné, j’ai dû me jeter dans le bain. Ces gens ont frappé à ma porte, m’ont chuchoté à l’oreille et j’ai dû les écouter pendant un moment.
Nous n’avons pas parlé de liberté. J’ai l’impression que c’est le fil d’Ariane de ce travail. Ce besoin d’aller retrouver notre liberté, de se battre pour la retrouver, de ne plus se laisser manipuler, de ne plus subir d’endoctrinement.
C’est ça. C’est vraiment le sujet qui me passionne à travers mes livres. Il faudra peut-être que je change de thème, ça finira par être évident que je dis tout le temps la même chose ! Mais c’est bien le poids du collectif par rapport à celui de l’individuel. Le libre arbitre existe-t-il ? Pouvons-nous prendre nos propres décisions ? Pouvons-nous exister en nous-mêmes au-delà de la société, voire au-delà du cercle familial qui peut parfois être étouffant et dévorant ? Sommes-nous libres de faire nos choix ? La société qui nous entoure, les médias parfois, ce poids aussi des réseaux sociaux, qui nous enferme, qui nous étouffe, nous font-ils vraiment prendre la pleine mesure de ce que nous vivons et tout ça ? Je n’ai pas vraiment la réponse. Je pose la question, c’est déjà pas mal.
Regardez cette interview en vidéo :
Olivier Bal est un écrivain et l’une des plus grandes révélations du monde du thriller. D’abord journaliste, il s’oriente rapidement vers le documentaire, les voyages, la culture, les jeux vidéo et enfin l’écriture. Limbo, son premier roman est rapidement devenu un livre à succès, une auto-édition qui a su convaincre les lecteurs devant une maison d’édition, ce qui est rarissime. Aujourd’hui, il publie Le pack chez XO Éditions.
Au centre de ce thriller se trouve le sanglant Black Angel. Il tue avec un mode opératoire vraiment très rodé. D’un côté, nous avons Sofia qui travaille dans la cellule antiterroriste et tente d’arrêter cet assassin qui s’en prend aux notables. De l’autre, Gabriel qui enquête sur l’assassinat de réfugiés mutilés à Paris. Il s’agit d’une famille et d’une meute de loups aux dents acérées.
franceinfo : A travers ces récits, dans l’Histoire, vous abordez la montée des extrêmes, des petits groupes identitaires. Encore fallait-il vraiment oser.
Olivier Bal : C’est un sujet qui circule depuis plusieurs années. Dans mes écrits, j’ai toujours essayé de m’éloigner de la réalité, de raconter notre époque, mais par des moyens légèrement différents, à travers la pure fiction. Mais ce sujet, la montée des extrêmes, m’interpelle depuis plusieurs années. Alors je me suis dit : il faut se lancer, il faut raconter cette histoire que tu portes en toi depuis toutes ces années.
“Je n’ai pas la prétention de faire un essai, je raconte des histoires, mais j’espérais qu’avec cette histoire, j’interrogerais peut-être aussi des lecteurs comme moi, je m’interroge sur cette montée, cette menace de l’ultra-droite en France et en Europe. ”
Olivier Balsur franceinfo
Vous parlez des élus et c’est ça qui est vraiment au centre de ce travail. Certains ont le sentiment d’être choisis et donc d’avoir un sentiment d’impunité, de règne total, de domination. C’est dramatique car on se rend compte à quel point la société souffre de ce type de comportement plutôt que de le combattre.
C’est presque un endoctrinement sectaire. J’avais déjà travaillé sur le sujet des sectes dans un livre précédent et j’ai trouvé ici de vraies similitudes entre l’endoctrinement de ces petits groupes et celui des sectes. Ce sont souvent des jeunes un peu perdus, en quête de direction, comme le sont beaucoup de personnes dans nos sociétés modernes. Et en donnant ce sentiment de vivre au-delà de ce que nous sommes, ceux qui tirent les ficelles de ces réseaux pourront faire faire à ces jeunes ce qu’ils veulent.
J’ai l’impression qu’il y a parmi vous une dynamique de chevaliers des temps modernes.
Oui tout à fait. En fait, ce qui m’interpelle aussi, c’est d’essayer de montrer que ces mouvements ont souvent la même imagination politico-religieuse. C’est un peu prétentieux ce que je dis là, mais c’est que souvent dans l’imagerie, ils développent une théorie.
On retrouve souvent cette imagerie très médiévale. Les croisés, les chevaliers, le sens de l’honneur, le code de l’honneur qui les rassemble et qui les unit. Ce qui est intéressant, c’est peut-être de montrer que nous sommes dans une époque où plutôt que d’avancer, on recule. On n’est finalement pas si loin de ce qu’on a vu, même en Syrie, à l’extrême opposé, que l’on soit à Raqqa ou à Alep, je trouve qu’il y a des similitudes entre toutes ces croyances et tous ces extrêmes.
Vous dites aussi à un moment donné, à travers un personnage : “l’humanité est morte“.
C’est la faute des auteurs de crime et de thriller. Je pense que nous avons une forme d’obscurité en nous. Je pense que nous passons notre vie à écrire à creuser dans les ténèbres, à creuser dans nos ombres pour chercher la lumière. Peut-être que j’ai un passé un peu pessimiste. Je crois en l’homme. J’ai peur de ce que l’humanité peut faire, mais je crois fondamentalement en la capacité de l’homme à réussir, à être meilleur. Je suis donc quand même un peu idéaliste, même si je reste pessimiste.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de commencer à écrire ? Car au fond, il y avait bel et bien cette envie de raconter des histoires. Cela a toujours fait partie de vous puisqu’on ne devient pas journaliste si l’on n’a pas envie de raconter une histoire.
« Je pense que le désir de raconter des histoires a toujours été ancré en moi, depuis que je suis enfant. »
Olivier Balsur franceinfo
Il m’a fallu du temps pour me retrouver dans l’écriture. J’ai retourné le roman qui était pour moi comme un Everest un peu infranchissable. Écrire un livre m’a fait peur. J’adorais lire, mais pour moi c’était trop gros, c’était trop gros. Et puis finalement, petit à petit, peut-être en prenant confiance, en écrivant des choses certainement lisibles aujourd’hui, mes premiers scénarios, ma pièce, un documentaire, je me suis acclimaté à la narration. Et finalement, ce désir est plus grand que moi, me dépasse et donc c’est ma passion, il m’habite et donc à un moment donné, j’ai dû me jeter dans le bain. Ces gens ont frappé à ma porte, m’ont chuchoté à l’oreille et j’ai dû les écouter pendant un moment.
Nous n’avons pas parlé de liberté. J’ai l’impression que c’est le fil d’Ariane de ce travail. Ce besoin d’aller retrouver notre liberté, de se battre pour la retrouver, de ne plus se laisser manipuler, de ne plus subir d’endoctrinement.
C’est ça. C’est vraiment le sujet qui me passionne à travers mes livres. Il faudra peut-être que je change de thème, ça finira par être évident que je dis tout le temps la même chose ! Mais c’est bien le poids du collectif par rapport à celui de l’individuel. Le libre arbitre existe-t-il ? Pouvons-nous prendre nos propres décisions ? Pouvons-nous exister en nous-mêmes au-delà de la société, voire au-delà du cercle familial qui peut parfois être étouffant et dévorant ? Sommes-nous libres de faire nos choix ? La société qui nous entoure, les médias parfois, ce poids aussi des réseaux sociaux, qui nous enferme, qui nous étouffe, nous font-ils vraiment prendre la pleine mesure de ce que nous vivons et tout ça ? Je n’ai pas vraiment la réponse. Je pose la question, c’est déjà pas mal.
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