PORTRAIT – L’universitaire, qui décrypte la vie électorale et politique depuis plus de quarante ans, raconte pour la première fois son histoire Le goût de la politique, histoire d’un passionné de la Ve République, spectateur navré des dérives de Sciences Po.
L’œil bleu, clair et heureux, se couvre soudain d’un voile de tristesse et d’incompréhension. Interrogé sur la situation actuelle à Sciences Po, cette école où il a si longtemps enseigné au point d’en incarner l’esprit, Pascal Perrineau ne cache pas son étonnement et son amertume. Comprenez qui veut, ses remords, c’est cet établissement d’excellence où la politique était autant un art qu’une science, et qui offre aujourd’hui une image caricaturale et inquiétante. Pas de refrain de « c’était mieux avant » de la part de ce gourmet de science politique qui a attendu soixante-treize ans pour parler de lui. Au contraire. Ce n’est pas pour rien qu’il a eu 18 ans en mai 68. Le goût de la politique, les Mémoires qu’il a publiés (1) et qui viennent de recevoir le prix du livre politique, sont un hymne à la liberté de recherche, à la joie de transmettre, à la soif d’apprendre, au refus des certitudes définitives. Aussi loin du conservatisme prudent d’un autre temps que du wokisme qui…